La direction du Journal de Montréal a indiqué vendredi que la Cour supérieure du Québec avait émis, plus tôt dans la journée, une ordonnance enjoignant huit syndiqués du quotidien à comparaître pour répondre à une accusation d'outrage au tribunal à la suite de l'intrusion effectuée mercredi dans la salle de rédaction.

En pénétrant brièvement dans l'édifice du Journal, quelques dizaines de syndiqués violaient une ordonnance leur interdisant de se trouver sur la propriété du quotidien, émise le 26 juin par la Cour supérieure. Ni le Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (STIJM), ni l'employeur n'ont voulu dévoiler le nom des personnes visées par l'ordonnance. Dans un communiqué, l'entreprise a précisé qu'elle pourrait demander l'émission de nouvelles ordonnances de se présenter en cour.

«Dans une société démocratique dont un des fondements est le respect des lois, la direction du Journal n'a eu d'autre choix que d'entreprendre les recours appropriés», peut-on lire dans le communiqué.

Au cours d'un entretien téléphonique, Isabelle Dessureault, porte-parole de Quebecor Media, propriétaire du Journal, a expliqué que l'entreprise souhaitait «éviter toute récidive pour protéger nos cadres et s'assurer qu'il n'y aura pas de dérapages».

«Alors que les ténors syndicaux persistent à accuser Quebecor d'enfreindre les lois, il est tentant de questionner la teneur du respect qu'a la partie syndicale envers nos institutions, a martelé l'employeur dans le communiqué. En effet, non contente de questionner ouvertement le bien-fondé de tous les jugements rendus qui la désavantagent, elle viole désormais délibérément des ordonnances mises en place pour endiguer ses excès.»

Louis-Serge Houle, porte-parole de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), centrale à laquelle est affilié le STIJM, n'a pas voulu commenter l'ordonnance.

«Les avocats vont faire rapport, on va analyser toute cette question-là avec l'exécutif du syndicat et on avisera à ce moment-là», a-t-il déclaré au cours d'un entretien téléphonique.

Pour Quebecor, l'intrusion ne constituait rien de moins qu'un moyen d'«intimider» les cadres du Journal, ce qui «ne peut laisser présager de manière crédible et sensée une détermination à retourner travailler en équipe» avec la direction du quotidien.

Le syndicat avait présenté le coup d'éclat comme une démonstration que ses membres souhaitent rentrer au travail aussitôt que possible.

«Tout en prétendant vouloir négocier, le syndicat fait état depuis l'automne 2008 de la richesse de son fonds de grève, fonds qui lui permettrait de s'opposer systématiquement à une réorganisation nécessaire et d'alimenter un conflit des années durant», a martelé l'employeur vendredi.

«Depuis le début, l'intention de l'employeur c'est d'affamer les membres du syndicat pour les forcer à accepter le plan patronal», a rétorqué le porte-parole de la CSN.

La direction du Journal refuse de retourner à la table des négociations tant que le syndicat ne changera pas sa position face à ses nombreuses demandes.

Le Journal a mis en lock-out les 253 membres du syndicat il y a un peu plus de six mois.

Un important fossé sépare les deux parties, notamment au sujet de la convergence avec les autres médias de Quebecor, de l'organisation du travail et de la durée de la semaine de travail.