On sentait qu'elle s'en venait avec la relance du marché immobilier, le redressement de la confiance des ménages et des entreprises et l'augmentation des ventes au détail. Bye-bye la récession, bonjour la reprise.

«La Banque (du Canada) s'attend depuis longtemps à ce que la croissance du Canada reprenne au deuxième semestre de cette année et qu'elle s'accélère en 2010. En fait, elle devrait reprendre ce trimestre», a affirmé hier son gouverneur, Mark Carney, en présentant son nouveau scénario économique.

La Banque estime que la reprise de l'activité économique sera de 1,3% en rythme annualisé durant l'été et de 3,0% l'automne prochain.

Ces prévisions trimestrielles contenues dans la nouvelle mouture du Rapport sur la politique monétaire (RPM) sont plus optimistes que celles parues en avril.

La Banque estimait alors que l'économie canadienne allait continuer de s'enfoncer dans la récession au troisième trimestre.

Pour le deuxième trimestre, la Banque maintient sa prévision de décroissance de 3,5%, un chiffre qui paraît même un peu pessimiste, compte tenu des données publiées à ce jour. Pour l'ensemble de l'année, la taille de l'économie aura rétréci de 2,3%.

La reprise ira bon train avec des avancées de 4,0% (en rythme annuel) aux premier et deuxième trimestres de 2010 et de 3,8% pour les deux autres. Pour l'ensemble de 2010, la croissance est évaluée à 3,0%. À pareil rythme, l'économie aura retrouvé sa taille d'avant la récession (juillet 2008) dans environ un an. Cela fera du Canada une des premières économies avancées, sinon la première, à renouer à la fois avec le retour à la croissance et à l'expansion.

Le repli plus modeste qu'anticipé des dépenses des ménages et des entreprises, jumelé à une confiance accrue, justifie ces perspectives plus optimistes.

En fait, les Canadiens abandonnent leur morosité, si on se fie à l'indice de confiance du Conference Board. Il est en hausse pour le cinquième mois consécutif.

Le sondage mensuel de la firme Angus Reid sur l'humeur des Canadiens révélait hier que 59% des répondants jugeaient leur situation financière «bonne», voire «très bonne», tandis que 43% d'entre eux jugeaient de même l'économie canadienne. Il s'agit d'un bond de cinq points par rapport au coup de sonde de juin.

La vitalité du marché de la revente de maisons et la relance des mises en chantier depuis le creux d'avril témoignent de la volonté des Canadiens de profiter des conditions très favorables d'accès à la propriété. La Banque croyait en avril que la morosité ambiante allait amener des ménages à reporter leurs achats. Voilà pourquoi elle tablait sur une forte accélération de la demande intérieure en 2011 seulement.

Le devancement des décisions d'achat l'amène donc à ramener de 4,7% sa prévision de croissance pour 2011 au rythme plus raisonnable de 3,5%.

Conditions plus favorables

La Banque souligne d'ailleurs que les conditions financières demeurent plus favorables au Canada que dans les autres économies avancées depuis le début de la crise financière.

À preuve, les taux hypothécaires variables s'élevaient en moyenne à 2,75% la semaine dernière, comparativement à 5,35% en juillet 2007, à la veille du gel du crédit en Occident à l'origine de la récession synchronisée la plus grave depuis les années 1930.

Idem pour les taux hypothécaires affichés à cinq ans. Ils étaient de 5,85% la semaine dernière, comparativement à 7,24%, il y a deux ans. Fait à souligner cependant, ils étaient descendus jusqu'à 5,25% en avril. Leur remontée correspond à celle des taux obligataires à long terme observée depuis lors.

Les entreprises peuvent aussi se financer à meilleur compte qu'il y a deux ans: le taux des obligations corporatives à long terme est passé de 5,42% à 4,54% en deux ans. En décembre, au point culminant de la crise du crédit, les taux avaient grimpé à 6,04%.

Ces conditions favorables stimulent la demande intérieure, à commencer par celle des ménages. Les entreprises se remettront à investir un peu plus tard quand elles auront achevé leur déstockage et recommencé à vendre davantage.

Il existe un risque à la hausse et un risque à la baisse à ce scénario. Le premier viendrait d'une demande intérieure encore plus soutenue. Le second, d'un retard de la reprise des exportations.