En reportant son taux directeur comme prévu à son niveau plancher de 0,25%, la Banque du Canada en profite pour réviser ses prévisions économiques.

Son nouveau scénario dont les détails seront connus jeudi avec la publication du Rapport sur la politique monétaire (RPM) table maintenant sur une décroissance de 2,3% cette année, suivie d'une reprise de 3,0% en 2010 et 3,5% en 2011.

La Banque estimait la décroissance de l'année en cours à 3,0% dans son scénario d'avril, mais les résultats moins mauvais que prévus au premier trimestre l'amènent à dénoircir son scénario.

«La perspective plus lumineuse pour le reste de l'année a du mérite. L'économie américaine paraît en direction d'une croissance modeste au troisième trimestre, commente Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC. Les ménages canadiens voient aussi davantage la vie en rose. Conséquemment, nous modifions notre propre scénario  en faveur d'un retour à la croissance au Canada dès le présent trimestre plutôt qu'à compter du prochain.»

Pour 2010, la Banque crée une franche surprise. À 2,5% son scénario de croissance d'avril était perçu comme très optimiste par la plupart des observateurs. Elle le porte à 3,0%. En 2011, elle révise à la baisse : de 4,7% elle ramène le taux de croissance à un rythme plus soutenable de 3,5%.

«La dynamique de la reprise demeure en gros conforme aux perspectives à moyen termes énoncées dans la livraison d'avril du  RPM, lit-on dans le communiqué faisant part de sa décision. L'adoption de politiques monétaire et budgétaires expansionnistes, l'amélioration des conditions financières, le renchérissement des produits de base et le regain de confiance des ménages stimulent la croissance de la demande intérieure.»

La Banque souligne cependant que l'appréciation de notre monnaie et la restructuration de certaines industries modèrent le rythme de croissance. Son commentaire sur le huard est cependant moins inquiétant que celui du 4 juin où elle considérait sa force d'alors comme susceptible de compromettre à elle seule la reprise qui pointait alors.

Il ne faut donc pas s'attendre à ce que les autorités monétaires tentent d'influer le cours de notre monnaie en intervenant sur les marchés des changes, chose qu'elle n'a pas faite depuis septembre 1998, durant la crise asiatique. «Le gros de l'appréciation du dollar canadien reflète des forces fondamentales. Une intervention serait inappropriée», estiment Derek Holt et Karen Cordes, économistes chez Scotia Capitaux.

À l'échelle internationale, la Banque affirme aussi que «l'activité économique a commencé à se redresser dans de nombreux pays», mais que «la reprise commence à peine».

La Banque réitère son crédo dans un retour du taux d'inflation globale à sa cible de 2,0% au milieu de 2011, ce qui lui permet de répéter son engagement à maintenir son taux cible de financement à un jour à 0,25% jusqu'au deuxième trimestre de l'an prochain «sous réserve des perspectives concernant l'inflation».

La Banque ne fait aucune allusion au recours possible à des mesures d'allégement monétaire ou du crédit non conventionnelles sinon en répétant qu'elle dispose d'une «flexibilité considérable» dans la conduite de la politique monétaire.