Le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit une sévère récession de l'économie britannique cette année, avant le retour à une très maigre croissance en 2010, a mis en garde jeudi contre la fragilité persistante des banques du pays et la flambée de la dette publique.

«Les perspectives économiques sont très incertaines» pour le Royaume-Uni, et même si «des indicateurs récents suggèrent que l'activité économique a commencé à se stabiliser, la reprise sera vraisemblablement lente et limitée», a résumé l'institution sise à Washington, dans son rapport annuel sur l'économie britannique.

Le FMI a confirmé à cette occasion ses prévisions pour le Produit intérieur brut (PIB) britannique, tablant toujours sur une contraction de 4,2% cette année, avant un maigre rebond de 0,2% en 2010, comme il l'avait indiqué au début du mois dans ses dernières projections économiques mondiales.

Le FMI a ajouté s'attendre à une poursuite du bond du chômage, à 9% l'an prochain au sens du BIT. Il a déjà atteint 7,6% sur les trois mois achevés en mai, un nouveau sommet depuis 12 ans, selon les statistiques officielles.

L'organisation, dirigée par le Français Dominique Strauss-Kahn, a salué les efforts du gouvernement de Gordon Brown et de la Banque d'Angleterre pour relancer l'économie et sauver les établissements financiers en difficulté.

Mais elle a adressé une sérieuse mise en garde contre la fragilité persistante du secteur bancaire britannique et la flambée de la dette publique, appelant à un redressement des comptes publics une fois la crise passée.

«Les vulnérabilités sous-jacentes de l'économie britanniques sont assez considérables», a souligné Ajai Chopra, chef de la mission du FMI auprès de la Grande-Bretagne, en présentant le rapport.

Concernant la dette publique, qui devrait doubler sur cinq ans, à 100% du PIB, il a affirmé que «le Royaume-Uni a eu jusqu'ici le bénéfice du doute» sur les marchés financiers, que ce soit le marché obligataire ou le marché des changes, mais que «cela ne durera pas éternellement».

«Le gouvernement doit faire attention à ne pas tester les limites de la confiance des marchés» et devra prendre des mesures pour restaurer l'équilibre des finances publiques, s'il ne veut pas s'aliéner les investisseurs, a-t-il prévenu.

En ce qui concerne la santé des banques britanniques, «le secteur financier a été gravement malade, a été emmené aux urgences, et stabilisé, mais il n'est pas suffisamment rétabli pour recommencer à prêter» aux entreprises et aux ménages, a-t-il estimé, ajoutant qu'«il est important de renforcer les capitaux des banques».

Cependant, le FMI a refusé de se laisser entraîner dans la polémique sur les dépenses publiques qui monte depuis plusieurs mois entre le gouvernement travailliste et l'opposition conservatrice, à l'approche des élections générales qui se tiendront au plus tard en juin 2010.

Le gouvernement accuse l'opposition de vouloir tailler dans le budget au risque de compromettre la reprise, et les Conservateurs accusent en retour le Premier ministre de mener les finances du pays à la ruine.

Il a souligné qu'il serait «prématuré» de commencer à réduire dès maintenant les dépenses publiques, mais qu'on pouvait néanmoins «commencer à réfléchir dès maintenant à la taille des ajustements nécessaires».

«Le calendrier (des mesures de redressement budgétaire) est de la responsabilité des autorités, elles doivent s'assurer qu'elles seront en mesure de prendre des engagements», et «elles ne doivent ni se précipiter, ni traîner en longueur», a indiqué M. Chopra.