Le pire de la récession est-il passé? Oui, selon le plus récent coup de sonde de la Banque du Canada parmi les dirigeants d'entreprise, devenus nettement plus optimistes.

Toutefois, la reprise devra attendre encore quelques mois, avertit pour sa part le Conference Board du Canada dans ses nouvelles perspectives économiques, aussi publiées hier. Chose certaine, il faudra encore quelques mois pour décider d'un pronostic gagnant.

«Cette reprise économique n'aura rien de spectaculaire. Il y aura des difficultés persistantes pour les entreprises même lorsque le PIB (produit intérieur brut) canadien reviendra en zone positive», a résumé Meny Grauman, économiste principal à la Banque CIBC, à Toronto.

Mais dans l'immédiat, parmi les négociants en dollars canadiens, c'est le net regain d'optimisme parmi les dirigeants d'entreprise qui retient le plus d'attention.

À preuve, le dollar canadien a connu hier sa meilleure séance après quelques semaines de faiblesse induite par le repli des prix des matières premières et du pétrole.

Le dollar canadien a rebondi de 1% face à son voisin américain pour terminer la séance à 86,82 cents US. C'est aussi presque un cent et demi de plus que le récent creux de 85,28 cents US, atteint mercredi dernier.

Bref, le net regain d'optimisme parmi les dirigeants d'entreprises canadiennes apparaît crédible sur les marchés financiers.

D'autant plus que les résultats divulgués hier par la Banque du Canada sont venus appuyer ceux publiés depuis deux semaines par d'importants regroupements d'entreprises.

Selon l'enquête de la Banque, réalisée au début de juin parmi une centaine de dirigeants d'entreprise, leur optimisme envers une hausse de leurs ventes et contrats d'ici 12 mois serait même à son plus haut en une décennie.

Au moins 61% des répondants anticipent un chiffre d'affaires accru d'ici un an, alors que 23% anticipent le contraire.

Or, cet écart de presque 40 points de pourcentage est le plus élevé depuis le début de 1999 pour cette enquête trimestrielle de la Banque du Canada.

En contrepartie, l'enquête de la Banque indique que le marché du crédit demeure difficile pour les entreprises, en dépit d'une certaine détente depuis la grave crise financière de l'automne 2008.

«Ces difficultés d'accès au crédit pour les entreprises, même moins importantes que précédemment, risquent encore de retarder la reprise économique», a commenté Jayson Myers, président des Manufacturiers et Exportateurs du Canada (MEC), l'un des plus importants regroupements d'entreprises au pays.

Néanmoins, a-t-il souligné, le regain d'optimisme observé par l'enquête de la Banque du Canada concorde avec les plus récents résultats de l'enquête mensuelle de MEC parmi ses membres.

On fait un constat semblable au chapitre québécois de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), à la suite de son dernier sondage mensuel parmi ses milliers de PME membres.

«Les conséquences de la crise du crédit parmi les entreprises se résorbent peu à peu. Toutefois, le problème qui persiste est celui de la faiblesse de la demande provoquée par la récession. C'est pourquoi nos membres sont optimistes envers une relative stabilisation de leur situation d'affaires, mais encore très hésitants envers un retour de la croissance», a indiqué Simon Prévost, vice-président de la FCEI pour le Québec.

N'empêche, du côté du Conference Board, les perspectives économiques publiées hier tendent assurément vers une reprise au cours des prochains mois.

Rien de bien excitant, toutefois. Car il faudra attendre le début de l'an prochain, en 2010, pour confirmer la fin de la récession.

Entre-temps, l'économie canadienne, même moins touchée que sa voisine américaine, continuera de subir les contrecoups de la récession presque mondiale.

Résultat, prévoit le Conference Board: un recul du PIB canadien d'au moins 1,9% cette année. En 2010, toutefois, la croissance en fin d'année pourrait s'avérer à hauteur de 2,7%.

«La récession actuelle est si généralisée que ses effets vont continuer à se faire sentir plus longtemps que lors d'un cycle conjoncturel typique», selon Pedro Antunes, directeur des prévisions économiques au Conference Board.

En contexte, toutefois, ces prévisions du Conference Board s'avèrent parmi les plus optimistes publiées ces dernières semaines à propos de l'économie canadienne.

Par exemple, mercredi dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a dit s'attendre à un recul d'au moins 2,7% du PIB canadien cette année. Et la reprise de croissance, l'an prochain, serait d'à peine 1,6%.