Le pire marché depuis au moins six ans!

Après quelques années records, c'est la disette dans le marché des fusions et acquisitions d'entreprises (F&A), conséquence de la grave crise financière et boursière de l'automne 2008.

«Le pire semestre en valeur et en nombre de transactions depuis 2003» constate la firme Mergermarket de Londres et de New York dans son plus récent relevé international des F&A, obtenu par La Presse Affaires.

 

Durant les six premiers mois de 2009, 3873 transactions de F&A d'entreprises à capital ouvert ont été annoncées dans le monde, pour une valeur globale de 709,2 milliards US.

Or, même importants en apparence, ces nombres représentent une baisse d'au moins un tiers par rapport à la même période un an plus tôt.

Ces nombres s'avèrent en atrophie considérable par rapport à la dernière période de bouillonnement des F&A, qui remonte à la mi-année 2007.

D'un point de vue continental, c'est en Europe que la crise du marché des F&A est la plus brutale depuis le début de 2009. Et cette baisse s'est même accentuée durant le deuxième trimestre de 2009 par rapport au trimestre précédant, sur une base annualisée.

Fait à souligner: la liste des plus grosses transactions en Europe témoigne de l'ampleur de la crise bancaire en Grande-Bretagne.

En effet, le gouvernement britannique, ou Her Majesty's Treasury en termes officiels, s'est hissé parmi les cinq plus importants «acquéreurs» après ses prises de participation de sauvetage dans deux grandes banques: la Royal Bank of Scotland et la Lloyds Banking.

En Amérique du Nord, pendant ce temps, le déclin du marché des F&A au premier semestre 2009 était moins accentué qu'en Europe, selon le relevé de Mergermarket.

Même que la part nord-américaine du marché mondial des F&A s'est accrue à 50% selon la valeur, comparativement à 35% un an plus tôt.

En nombre, cependant, cette part nord-américaine est demeurée stable au tiers environ du total mondial.

Par ailleurs, une transaction survenue au Canada - l'achat de Petro-Canada par Suncor Energy pour 18,4 milliards US - fait partie des cinq plus importantes annonces de F&A depuis le début de l'année.

Mais en dépit de cette transaction d'une ampleur exceptionnelle, le marché canadien des F&A demeure difficile.

«C'est l'une des pires périodes d'incertitude jamais enregistrée», estime Ed Giacomelli, directeur général de la firme Crosbie&Co, dans son plus récent relevé trimestriel de F&A au Canada.

En excluant la mégatransaction de Suncor et Petro-Canada, l'évolution moyenne du nombre et de la valeur des F&A au Canada au premier trimestre 2009 était encore en baisse de près de 30% par rapport au trimestre précédent.

N'empêche, Crosbie&Co. a décelé des indices de regain vers la fin du premier trimestre, au fur et à mesure qu'un «sentiment de calme commençait à revenir sur les marchés financiers».

Hypothèse réaliste, avec le regain boursier des derniers mois?

En tout cas, au niveau mondial, le relevé de Mergermarket suggère que seule la région de l'Asie-Pacifique montre des signes de relance du marché des F&A d'entreprises.

«La région de l'Asie-Pacifique tient un rôle de plus en plus important dans le marché mondial des F&A», constatent ses analystes.

Le nombre et la valeur des transactions de F&A dans la région la plus populeuse du globe était en rebond notable durant les trois derniers mois, par rapport au trimestre précédent.

Avec ce rebond, la part asiatique du marché mondial des F&A vient de passer le seuil de 20% en valeur et en nombre, relève Mergermarket.

Par ailleurs, autre symptôme de la récente crise financière: des grandes banques américaines et britanniques figurent parmi les «vendeurs» sur la liste des grosses transactions de F&A survenues en Asie-Pacifique depuis le début de 2009.

Entre autres, les américaines Citigroup et Bank of America ont cédé des participations dans des groupes financiers au Japon et en Chine, pour des valeurs respectives d'un peu plus de sept milliards US.