L'indice des prix à la consommation (IPC) a bondi de 0,7% d'avril à mai en raison d'une poussée de 4,4% du prix de l'énergie, dont 8,3% de celui de l'essence, d'un océan à l'autre.

Dans la société distincte, le bond mensuel du coût de la vie atteint 0,9%, tout comme dans sa métropole. La cherté a même progressé d'un point de pourcentage dans la ville du maire Régis Labaume en l'espace de 31 jours.

La grande volatilité des prix de l'énergie, et de l'essence en particulier, brouille la lecture de la variation générale des prix.

Depuis son sommet de plus de 145 dollars US en juillet dernier, le prix du baril de pétrole est descendu près des 30$, avant de remonter ces jours-ci au-dessus des 70$. Voilà pourquoi, l'inflation est repartie à la hausse ce printemps, mais demeure à peu près stable sur une base annuelle.

Malgré les fortes hausses mensuelles de l'IPC, le rythme annuel d'inflation est passé de 0,4% à 0,1% d'avril à mai. Au Québec, il est aussi tout juste en haut de zéro.

À moins d'un nouveau bond de l'or noir ce mois-ci, le rythme annuel d'inflation devrait donc passer sous zéro durant quelques mois, mais revenir en territoire positif une fois que disparaîtront du calcul annuel les mois de juillet, août et septembre 2008. «Certains autres prix ont tendance à baisser durant le mois de juin, notamment au sein des aliments», rappelle Benoit P. Durocher, économiste chez Desjardins. Depuis un an, manger coûte plus cher, mais la progression du prix pour se nourrir ralentit quelque peu depuis quelques mois. En avril, le rythme annuel d'inflation des aliments était de 7,1%; en mai, il se situait à 6,4%.

Ces mouvements divergents des prix font bien ressortir que les risques assortis à leur baisse généralisée, ou déflation, sont quasi nuls au pays.

La Banque du Canada mesure l'évolution des prix à la consommation grâce à un indice calqué sur l'IPC, mais qui exclut ses huit composantes les plus volatiles, comme l'essence, le gaz naturel, le mazout, le transport interurbain, les fruits et les légumes frais ou transformés.

Cet indice, l'IPCX, a avancé de 0,3% d'avril à mai et son rythme annuel est passé de 1,8% à 2,0%, soit exactement la cible fixée par la Banque du Canada. Cependant, la Banque prévoyait que cette cible serait atteinte seulement à la fin de l'an prochain, ce qui lui permet de justifier le maintien de son taux directeur au plancher de 0,25% jusqu'à la fin du printemps prochain.

La majorité des économistes prévoient que l'ICPX va diminuer et se rapprocher de 1,0% cet automne, ce qui appuie la décision des autorités monétaires, à mesure que l'écart de production s'élargira. Cet écart se veut une estimation de la sous-performance accumulée de l'économie par rapport à son plein potentiel de production.

Il s'agit toutefois d'une mesure très difficile à établir, de l'aveu même des autorités monétaires. «Son évaluation a toujours été incertaine en période de récession et la crise actuelle soulève des défis inédits puisqu'une part considérable de la capacité a sans doute été détruite, fait remarquer Yanick Desnoyers, économiste en chef adjoint à la Financière Banque Nationale. Pour l'instant, les prévisions de la Banque du Canada sont largement déjouées.»

La Banque n'avait pas non plus escompté ce printemps la rapide appréciation du huard. Elle le voyait assez stable aux environs de 80 cents US. Il a franchi le mois dernier les 92 cents d'équivalence et se négocie encore au-dessus des 88 cents US. Si cela équivaut à un resserrement monétaire pour les exportateurs, c'est aussi un élément qui pourrait contenir l'augmentation des prix des biens à la consommation au cours des prochains mois.

Quant aux prix des services, ils évoluent en rythme annuel au-dessus des 2% depuis plusieurs mois.