Les mises en chantiers et les permis de construire délivrés aux États-Unis se sont repris en mai, témoignant de la stabilisation du secteur du logement, par lequel la crise est arrivée, mais dont la reprise s'annonce laborieuse.

Selon les chiffres publiés hier par le ministère du Commerce à Washington, le nombre de permis de construire des logements a augmenté en mai de 4,0% par rapport à avril (données corrigées des variations saisonnières) pour s'établir à 518 000 en rythme annuel.

Le nombre de mises en chantier s'est repris lui aussi. Il a progressé de 17,2% par rapport à avril. En rythme annuel, cela représente 532 000 constructions démarrées.

Ces deux indicateurs avaient touché en avril leur plus bas niveau depuis leur première publication il y a un demi-siècle. Leur hausse de mai était attendue, mais a surpris les analystes par son ampleur.

Ils restent malgré tout en forte baisse sur un an (de 47,0% pour les permis, et de 45,2% pour les mises en chantier).

Le nombre de permis de construire donne une idée de la tendance à venir du marché de la construction, en décrépitude depuis deux ans. Son rétablissement est jugé indispensable pour permettre une croissance durable après la reprise attendue d'ici à la fin de l'année.

Les analystes relèvent deux «bonnes nouvelles» dans le rapport du ministère du Commerce.

D'abord, le nombre de permis de maisons individuelles, chiffre qui retient généralement l'attention des marchés parce qu'elles sont un produit stratégique dans le secteur, a confirmé sa reprise entamée le mois précédent. Il a augmenté de 7,9% après 5,0% en avril.

Lente guérison

Témoignant d'une amélioration déjà en cours, la deuxième nouvelle encourageante est la hausse des mises en chantier de maisons individuelles (+7,5%) pour le troisième mois de suite.

«Le marché de la construction des maisons individuelles est en voie de guérison», estime Patrick Newport, économiste de l'institut IHS Global Insight, pour qui le point bas du cycle a été passé.

Néanmoins, avertit-il, «la guérison sera lente et prendra deux ou trois ans».

Le niveau élevé des stocks de logements restant à écouler «signifie que toute reprise de la construction sera très faible pendant un long moment, mais au moins, le pire est passé», note Ian Shepherdson, du cabinet HFE.

La mauvaise nouvelle du rapport est la chute continuelle du nombre de permis d'immeubles délivrés, qui a encore reculé de 8,3% en mai, après s'être effondré de 20,5% le mois précédent.

Relevant elle aussi le niveau élevé des stocks de logements invendus, dont l'écoulement prendrait plus de 10 mois au rythme de la demande actuelle, Elsa Dargent, économiste de Natixis, ne prévoit pas de reprise forte du marché de la construction à court terme.

«La récente hausse des taux d'emprunts hypothécaires pourrait ralentir le processus» de rétablissement, estime-t-elle.

Les taux d'emprunts immobiliers ont effectivement fortement progressé dans le sillage de la remontée des taux des obligations du Trésor américain à long terme observée depuis deux mois, et le taux de référence (30 ans à taux fixe) est désormais à son plus haut depuis fin novembre.

Cette hausse pèse d'ailleurs sur le moral des constructeurs de logements, qui a perdu un point en juin, après une embellie courte et toute relative de deux mois, selon l'étude mensuelle de l'Association des constructeurs de logements (NAHB) et de la banque Wells Fargo publiée lundi.

17,2% : Hausse de la construction de logements aux États-Unis en mai

532 000 : Total des logements (maisons et appartements) qui ont été bâtis en mai, alors que les économistes tablaient sur 500 000

- 45,2% : Malgré la hausse enregistrée le mois dernier, la construction résidentielle demeure en baisse de plus de 45% par rapport au niveau d'il y a un an