Victhom, une petite entreprise de Québec qui aide les handicapés à marcher grâce à des prothèses révolutionnaires, a trébuché et a eu besoin d'aide à son tour. C'est de l'Allemagne qu'elle est venue.

Victhom, une petite entreprise de Québec qui aide les handicapés à marcher grâce à des prothèses révolutionnaires, a trébuché et a eu besoin d'aide à son tour. C'est de l'Allemagne qu'elle est venue.

Otto Bock, une entreprise familiale qui existe depuis 90 ans, a accepté d'investir 30 millions dans Victhom et d'ouvrir les portes de l'Europe à ses produits.

La transaction, qui sera soumise au vote des actionnaires aujourd'hui, est la conclusion d'une année de dur labeur, souligne le président de Victhom, Normand Rivard, en entrevue avec La Presse Affaires.

Après avoir accumulé des pertes de plus de 20 millions au cours de ses deux derniers exercices financiers, Victhom avait désespérément besoin de financement. «L'argent n'est pas facile à trouver, ces temps-ci, surtout pour une entreprise comme la nôtre», commente le président, qui dit avoir trouvé le partenaire idéal.

Victhom et Otto Bock se sont rencontrées dans une foire commerciale. Elles se sont plu et se sont revues à Vienne. Actives dans la conception et la fabrication d'outils perfectionnés pour améliorer la mobilité des handicapés, les deux entreprises ont des intérêts communs. Mais tandis qu'Otto Bock est le numéro 1 mondial de ce secteur, Victhom est une PME de 70 employés qui existe depuis 2003 seulement.

Neurostimulateur

Ce qui a séduit les Allemands, c'est le neurostimulateur conçu par Victhom, explique son président. «Ils avaient un produit similaire, mais moins perfectionné. Le nôtre est appelé à remplacer le leur.»

Plus petit qu'un téléphone cellulaire, le Neurostep s'implante sous la peau. Une fois installé, il permet par exemple à quelqu'un qui ne peut plus marcher à la suite d'un accident vasculaire cérébral de recouvrer l'usage de ses jambes en rétablissant la connexion interrompue du système nerveux.

On pourrait éventuellement utiliser le même type d'appareil pour résoudre d'autres problèmes comme l'apnée du sommeil ou l'épilepsie, ou encore pour bloquer la douleur.

Le Neurostep est à l'étape de l'étude clinique et son introduction sur le marché est prévue au début de 2010. Il bénéficiera du réseau de distribution d'Otto Beck en Europe. «On s'intègre à une machine bien huilée», estime Normand Rivard.

Le marché reste froid

Malgré les perspectives qui s'ouvrent à Victhom avec ce partenariat, le marché boursier est resté froid. Le titre a dégringolé depuis un an et il est même passé sous les 5 cents depuis l'annonce de l'investissement d'Otto Bock.

Normand Rivard tente une explication: «C'est une transaction complexe, dit-il. Le marché reste prudent. Il faut comprendre que ce n'est pas un simple investissement d'Otto Bock, mais un partenariat stratégique.»

Il faut dire aussi que l'arrivée d'Otto Bock dans la vie de Victhom chambardera la structure de l'entreprise. La division qui fabrique le Neurostep sera transformée en filiale contrôlée par Otto Buck, qui détiendra 55,6% des actions.

L'autre division de Victhom, Biotronix, qui fabrique la fameuse prothèse connue sous le nom de jambe bionique, continuera ses activités comme avant, avec son partenaire islandais Ossur.

À l'assemblée d'aujourd'hui, les actionnaires seront aussi appelés à accepter un regroupement d'actions à raison de 10 pour 1, ce qui, selon la direction, facilitera l'obtention de financement futur et maintiendra l'inscription de l'entreprise à la Bourse de Toronto.

Selon Normand Rivard, la coentreprise avec Otto Bock n'est pas un premier pas vers l'intégration pure et simple de la PME québécoise aux activités du géant allemand, dont les revenus atteignent 1 milliard de dollars et qui emploie 3000 personnes dans le monde.

«Il n'est pas question d'intégration, assure le président de Victhom. Otto Bock trouve important de maintenir le dynamisme actuel de notre entreprise».

Selon lui, il s'agit du meilleur des deux mondes pour Victhom, qui peut continuer de travailler en petite équipe sur ses produits de pointe et profiter en même temps de la solidité financière d'une grande entreprise et de son réseau de distribution bien établi.

Car il ne faut pas se faire d'illusion, explique-t-il. Pour que le Neurostep devienne un succès commercial, il faut avoir des entrées aux gouvernements et dans les compagnies d'assurances, qui rembourseront le coût de l'appareil. Ces relations essentielles, Otto Bock les a déjà.

Libérée de ses problèmes financiers, appuyée par deux solides partenaires, Victhom peut maintenant se remettre en marche, assure son président.