François Côté a remplacé Karen Radford à la présidence de Telus Québec mardi dernier. Ce vieux routier de BCE prend la tête d'une entreprise en croissance, qui investit des centaines de millions dans la province. Mais qui devra aussi affronter une concurrence nouvelle et féroce dans le sans-fil d'ici un an. Voici un condensé de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse Affaires.

Q Quels sont vos principaux défis en tant que président de Telus Québec?

R Les nombreux défis sont ceux qui étaient là hier. Je ne vous annoncerai pas aujourd'hui un changement de stratégie, mais plutôt une continuité de ce qui a été fait au cours des dernières années. Telus Québec a connu un énorme succès ces dernières années, avec une forte croissance et une reconnaissance de sa marque de commerce, qui était invisible avant 2000.

Q Vous avez annoncé cette semaine un investissement de 250 millions au Québec. De quoi s'agit-il exactement?

R C'est pour le déploiement d'un réseau à large bande, autant filaire que mobile, pour l'ensemble du Québec. Selon moi, ça va augmenter la compétitivité du Québec et répondre à des besoins futurs de notre clientèle.

Q Comment entrevoyez-vous la concurrence agressive qui s'annonce d'ici un an dans le sans-fil, avec la venue de nouveaux fournisseurs comme Vidéotron?

R Notre réseau sans-fil est concurrentiel depuis le jour 1. Il y a évidemment eu des mouvements de marchés au fil des ans, mais Telus a démontré sa capacité d'innover et de s'adapter et c'est ce qu'on entend faire. On a des stratégies spécifiques pour certains concurrents. Pour le Québec, je dirai qu'on est en très bonne position. Oui, Vidéotron s'en vient avec son offre spécifique, mais on s'adapte. On pense qu'on connaît les stratégies possibles de nos compétiteurs, sûrement qu'on connaît les nôtres, et on a nos plans d'attaque. Et on va prendre ça comme dans le passé, avec beaucoup de respect et compétitivité envers nos compétiteurs.

Q Croyez-vous que le fait que Telus soit une société de l'Ouest canadien puisse influencer négativement la perception qu'en ont les Québécois?

R La réponse à ça est assez simple. Telus est au Québec depuis 80 ans, avec QuébecTel (NDLR: acquise par Telus en 2001). On augmente beaucoup le nombre d'employés, on a investi plus de 6 milliards au Québec depuis 2000, on compte au-dessus de 5000 employés au Québec. C'est une compagnie qui a des racines ici; notre bureau-chef est à Rimouski.

Q Comment ressentez-vous les effets de la crise économique sur les affaires de Telus au Québec?

R On a de la croissance, mais on n'aime pas donner des parts de marché spécifiques par province. Telus Québec est en croissance et va très bien.

Q Plus précisément?

R Je dirais que certaines habitudes d'achat ont changé dans le marché d'affaires. Certains retardent l'acquisition d'infra-structures ou de technologies, mais rien de dramatique. Ça a été plus dramatique dans l'Ouest du Canada, à cause des secteurs gazier et pétrolier.

Q Vous avez été longtemps chez BCE. Quelles sont les principales différences entre la culture d'entreprise de BCE et celle de Telus?

R Je ne veux pas être injuste envers mon ancien employeur, donc je vous dirai plutôt pourquoi je suis chez Telus. J'aime la discipline et l'entreprenariat qui existe chez Telus. Bien que ce soit une très grosse entreprise coast to coast, avec des intérêts à l'étranger, elle a gardé sa capacité de prendre des décisions rapidement, mais avec le sérieux d'une grosse entreprise. Ça m'a beaucoup attiré.

Q Telus a signé il y a six mois un contrat de 923 millions sur 10 ans avec le gouvernement du Québec. Avez-vous commencé à faire la transition pour prendre le relais de Bell Canada, qui a perdu ce contrat?

R Le lendemain de l'obtention de ce contrat, nos équipes se sont mises au travail. Ça va être un travail assidu et acharné sur une période d'environ deux ans.

Q Pouvez-vous nous rappeler les grandes lignes de ce mandat?

R Ça touche surtout le réseau de données du gouvernement. Et comme la santé prend de plus en plus d'importance dans la capacité de bande passante, il y a une grande portion du réseau qui porte sur le ministère de la Santé, pour relier tous les hôpitaux et organismes.

Q Où en est-on, justement, dans l'informatisation des dossiers médicaux au Québec?

R On est déjà en déploiement au CHUM et au CUSM, on a au-dessus de 1200 cliniciens qui utilisent le dossier médical informatisé sur une base mensuelle. On va annoncer d'ici quelques semaines le déploiement dans trois autres hôpitaux de Montréal.



Qui est François Côté?


Lentement mais sûrement, François Côté a gravi les échelons depuis ses débuts chez Bell en 1977... comme vendeur de produits de télécoms! aJ'ai l'histoire de quelqu'un qui est parti du bas de l'échelle», reconnaît le nouveau président de Telus Québec, nommé mardi dernier, en entrevue à La Presse Affaires. L'homme de 51 ans, détenteur d'un baccalauréat en relations industrielles de l'Université Laval, a passé la majeure partie de sa carrière chez Bell Canada Entreprises. Il a participé en 1998 à la création de la filiale Emergis, consacrée au commerce électronique. François Côté a pris la tête d'Emergis en 2004, après le largage de la filiale par BCE. Il a réussi à rendre profitable cette entreprise déficitaire, ce qui lui a valu le Grand prix de l'entrepreneur d'Ernst&Young au Québec en 2007. Telus a acquis Emergis l'année suivante, et M. Côté a choisi de rester en place pour devenir président de la division Telus Solutions en santé. Le natif de Montréal remplace aujourd'hui Karen Radford à la tête de Telus Québec. Cette dernière a été nommée présidente de Telus Solutions d'affaires et retournera vivre à Calgary avec sa famille.

PHOTO ANDRÉ TREMBLAY, LA PRESSE