La Banque mondiale a revu à la baisse ses prévisions jeudi, estimant que le produit intérieur brut mondial allait chuter de 3% cette année, avec «des perspectives de plus en plus sombres» pour les économies en développement.

Cette prévision actualisée a été publiée à l'intention du Groupe des huit (G8) pays les plus industrialisés, dont les ministres des Finances se réunissent vendredi et samedi à Lecce (Italie).

La précédente prévision de l'institution de Washington, publiée fin mars, faisait état d'une baisse de 1,75% du PIB mondial.

«L'économie mondiale est partie pour se contracter cette année plus que précédemment estimé, et les pays pauvres vont continuer à être durement frappés par de multiples vagues de tensions économiques», a affirmé dans un communiqué le président de l'institution multilatérale, Robert Zoellick.

«La plupart des pays en développement» vont voir leur PIB se contracter, et «sont confrontés à des perspectives de plus en plus sombres, à moins que la tendance de leurs exportations, des envois de fonds de leurs émigrés et des investissements étrangers se retourne d'ici à la fin 2010», d'après lui.

La BM estime que «la croissance devrait revenir dans le courant de l'année 2010», mais que «le rythme de la reprise est incertain».

Par ailleurs, «les pauvres dans de nombreux pays en développement continueront à être atteints par des secousses secondaires» (de la crise) dans la mesure où ils ont «moins de moyens de se protéger».

«Les fragilités et les risques subsistent. Les économies développées semblent se contracter à un rythme moins élevé, mais les effets de la crise mondiale s'étendent à travers le monde et ont toujours des conséquences dévastatrices sur les pays en développement», a expliqué M. Zoellick lors d'une conférence téléphonique.

Il a indiqué que son message au G8 et aux pays riches et émergents du G20 était «la nécessité absolue de continuer à apporter le soutien financier aux pays pauvres, à commencer par les plus fragiles, puis en direction de l'Afrique, de pays comme le Mexique ou l'Indonésie qui empruntent beaucoup plus auprès de nous tout simplement parce que même s'ils ont eu une politique budgétaire saine, ils sont touchés».

«L'Europe centrale et orientale et l'Asie centrale ont été particulièrement touchées, mais la crise touche toutes les régions», selon le dirigeant.

«Beaucoup de pays en développement vont être sous une pression forte pour rembourser leur dette actuelle, et cela signifie assurément qu'ils ne seront pas en mesure de mettre en place des dépenses de relance pour contrer la crise», a-t-il par ailleurs rappelé.

La situation des pays «fragiles» sortant de conflits civils ou d'une guerre (comme Haïti, le Libéria ou l'Afghanistan) inquiète particulièrement la Banque mondiale.

«Dans ces économies, nous observons la montée du taux de chômage, en particulier chez les jeunes. Ces pays ont déjà des taux de pauvreté bien plus élevés que d'autres pays pauvres, et il y a un danger de déstabilisation, et même de retour des conflits», selon lui.