L'Ontario a été la province canadienne la plus durement touchée par la récession pendant le mois de mai, perdant quelque 60 000 ouvriers, la grande majorité étant des travailleurs à temps plein du secteur manufacturier, a indiqué vendredi Statistique Canada.

Ces imposantes pertes à l'intérieur de la province la plus populeuse au pays ont généré un taux de chômage, à l'échelle canadienne, de 8,4 pour cent, comparativement à 8,0 pour cent en avril. Il s'agit du taux de chômage le plus élevé au Canada en 11 ans.

En Ontario, le taux de chômage s'est élevé de 0,7 pour cent par rapport à avril 2009 et a atteint 9,4 pour cent, soit son niveau le plus élevé en 15 ans.

L'emploi est resté inchangé au Québec en mai. Une augmentation du nombre de personnes sur le marché du travail dans la province a cependant fait monter le taux de chômage à 8,7 pour cent.

Au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage a baissé d'un dixième, passant à 8,8 pour cent. On a aussi enregistré des hausses de l'emploi au Manitoba, en Nouvelle-Ecosse et en Saskatchewan.

Les économistes ont détecté des lueurs d'espoir dans les données et ont noté qu'un ralentissement marqué des pertes d'emplois aux États-Unis était de bon augure pour l'économie canadienne, dont une très grande partie repose sur le commerce entre les deux pays.

«Le pire est derrière nous», a déclaré l'économiste en chef de la Banque de Montréal, Sherry Cooper, dans une note prédisant la fin de la récession au cours de la deuxième moitié de l'année.

«Le chômage restera élevé pour un certain temps et touchera probablement un sommet à la mi-2010 (...) mais ça ira beaucoup mieux.»

Pour l'instant, il n'y a aucun doute que le Canada et les États-Unis restent aux prises avec un des pires ralentissements depuis la Grande Dépression des années 1930.

Dans l'ensemble du pays, les pertes nettes d'emplois se sont chiffrées à 41 800 travailleurs le mois dernier, ce qui fait en sorte que le marché du travail canadien compte 363 000 emplois de moins depuis le début de la récession, en octobre. Les chiffres seraient encore plus sombres n'eut été de 17 000 embauches à temps partiel.

Dans leur analyse de l'enquête sur la population active, les économistes ont estimé qu'il était encourageant de voir huit des dix provinces afficher une modeste reprise quant à l'emploi. Si l'Ontario n'avait pas été comprise dans les données du mois dernier, le Canada aurait affiché un gain du nombre d'emplois.

L'éclaircissement était plus prononcé aux États-Unis, même si le taux de chômage a atteint 9,4 pour cent, son pire niveau en 25 ans. La perte nette de 345 000 emplois en mai constitue la meilleure performance à ce chapitre en huit mois.

«La lumière au bout du tunnel vient tout juste de devenir beaucoup plus vive», a observé Nigel Gault, économiste en chef chez IHS Global Insight, à New York. Il a cependant noté que le secteur de la fabrication «restait une tache noire».

Le secteur de la fabrication reste aussi durement touché au Canada, et il est peu probable qu'il ne s'améliore bientôt, a noté l'économiste de la CIBC, Krishen Rangasamy, faisant ainsi écho au gouverneur de la Banque du Canada, qui estimait jeudi que la récente envolée du dollar canadien pourrait étrangler la reprise économique au pays, laquelle s'appuie grandement sur le secteur de la fabrication.

La hausse du huard rend les exportations canadiennes plus dispendieuses et entraîne habituellement une diminution des livraisons aux États-Unis, ainsi que des réductions de production dans les usines, ce qui se traduit ultimement par des coupes d'emplois.

Quelque 58 000 emplois ont été perdus en mai dans le secteur de la fabrication, principalement en Ontario. Ce recul a porté à 186 000 les baisses observées dans ce secteur depuis octobre. La diminution la plus marquée a été observée dans l'industrie du matériel de transport.

Statistique Canada a cependant noté une hausse des employés du secteur public, de l'ordre de 27 000 employés, surtout en raison de la croissance de l'effectif des administrations publiques.

Les emplois d'été commencent en mai pour de nombreux étudiants âgés de 20 à 24 ans. Or, l'activité de ce groupe sur le marché du travail a considérablement fléchi. Le taux de chômage s'est élevé à 18,3 pour cent pour ce groupe d'étudiants, comparativement à 15,4 pour cent en mai 2008.

En plus de faire fléchir le marché de l'emploi, la récession a eu des répercussions sur les revenus des travailleurs. Le tarif horaire moyen a connu une hausse de 3,4 pour cent en mai par rapport au même mois l'an dernier, la plus petite augmentation en deux ans.

Voici le taux pour les provinces canadiennes. Le chiffre du mois précédent figure entre parenthèses:

- Terre-Neuve et Labrador 15,1 (14,7)

- Ile-du-Prince-Edouard 13,1 (12,4)

- Nouvelle-Ecosse 8,9 (9,2)

- Nouveau-Brunswick 8,8 (8,9)

- Québec 8,7 (8,4)

- Ontario 9,4 (8,7)

- Manitoba 4,9 (4,6)

- Saskatchewan 4,9 (5,0)

- Alberta 6,6 (6,0)

- Colombie-Britannique 7,6 (7,4)

Et pour les grandes villes canadiennes:

-Saint-Jean, T.-N.L. 7,5 (7,6)

-Halifax 5,8 (5,9)

-Saint-Jean, N.-B. 5,9 (6,1)

-Saguenay 9,4 (8,9)

-Québec 4,4 (4,4)

-Trois-Rivières 8,8 (8,9)

-Sherbrooke 8,8 (7,6)

-Montréal 9,4 (8,9)

-Gatineau 5,4 (5,6)

-Ottawa 6,1 (5,4)

-Kingston 6,5 (5,7)

-Toronto 9,1 (8,9)

-Hamilton 7,4 (7,9)

-Kitchener 9,9 (10,1)

-London 10,2 (9,5)

-Oshawa 7,9 (7,7)

-St. Catharines-Niagara 10,6 (10,5)

-Sudbury 8,4 (8,6)

-Thunder Bay 8,8 (8,7)

-Windsor 13,8 (13,6)

-Winnipeg 4,8 (4,9)

-Regina 3,8 (4,3)

-Saskatoon 5,0 (5,0)

-Calgary 6,6 (6,3)

-Edmonton 6,0 (5,4)

-Abbotsford 7,5 (7,0)

-Vancouver 6,8 (6,5)

-Victoria 6,4 (6,0)