L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), réunie à Vienne jeudi, a décidé de maintenir son plafond de production, son plus bas depuis 2003, pour éviter de fragiliser la reprise de l'économie mondiale, tandis que les cours du brut reprennent quelques couleurs.

Les ministres de l'Energie et du Pétrole membres du cartel vont «maintenir leur niveau actuel» de quotas de production de 24,84 millions de barils par jour, a déclaré le ministre saoudien de l'Energie Ali al-Nouaïmi à l'issue de leur réunion extraordinaire de deux heures au siège de l'organisation à Vienne.

L'annonce d'une réduction de la production de l'OPEP, qui fournit 40% de l'or noir mondial, aurait pu entraîner une flambée des cours du brut pouvant torpiller l'économie mondiale dans un contexte de récession.

Le cartel se réunira à nouveau le 9 septembre à Vienne pour examiner la situation du marché et en particulier le niveau des stocks dans les pays de l'OCDE, qu'ils jugent actuellement trop élevés, a précisé le ministre qatari de l'Energie Abdallah al-Attiyah.

«Le marché est sur-approvisionné, c'est vrai, mais nous voyons une lumière au bout du tunnel. Il y a, lentement, une petite reprise» économique, a constaté devant la presse le secrétaire général de l'OPEP, Abdallah el-Badri, résumant le sentiment de l'ensemble des 12 membres du cartel.

Pour le ministre algérien de l'Energie Chakib Khelil, ancien président de l'OPEP, «les prix (du brut) se stabilisent, voire progressent. Nous pensons que la situation économique va s'améliorer, et donc la demande va croître.» Après un record à plus de 147 dollars le baril en juillet et une chute à 32,40 dollars en décembre, les cours du brut ont récemment à nouveau franchi la barre des 60 dollars.

Le prix du panier des 12 bruts produits par le cartel est, lui, repassé mercredi pour la première fois depuis le 23 octobre dernier au-dessus de la barre des 60 dollars le baril à 60,75 dollars contre 58,71 dollars mardi.

Le cartel souhaite un baril à 75 dollars pour que les producteurs puissent investir dans l'exploration et la production, mais, pragmatique, elle ne veut pas, pour l'heure, se montrer trop impatiente pour ne pas saboter la reprise économique.

Entre septembre et décembre dernier, l'OPEP avait décidé de retirer du marché 4,2 millions de barils par jour (mbj) pour tenter de freiner la dégringolade des cours, fixant son plafond de production à 24,84 mbj.

Le ministre saoudien, dont le royaume est le premier pays producteur mondial de brut, a reconnu mercredi que la récente remontée des prix était «un signe d'optimisme» pour la reprise économique mondiale.

Selon lui, le marché, encore déséquilibré, est cependant en train de s'équilibrer, notamment grâce à une reprise de la demande asiatique de brut.

Pronostiquant de son côté une hausse des cours, le chef de la délégation libyenne Choukri Ghanem avait estimé avant la réunion jeudi qu'«en raison de la situation de l'économie mondiale, nous ne devrions pas rendre les choses plus compliquées pour l'économie».

Le ministre qatari de l'Energie a, lui, tenu à mettre en garde les producteurs devant trop d'optimisme quant à la récente remontée des prix brut.

«Le prix du pétrole n'est pas lié maintenant à l'offre et à la demande. On ne devrait pas être trop optimiste», a-t-il dit.

Le marché ne semblait pas s'émouvoir jeudi de cette annonce largement attendue. Ce matin, le baril de pétrole s'échangeait en hausse de 3 cents, à 62,54 dollars à Londres. A New York, il cotait 63,43 dollars, en baisse de 2 cents.