Des chercheurs de l'Université de Reading, en Grande-Bretagne, ont découvert des similitudes entre l'actuelle crise du crédit et celle qui a secoué la couronne anglaise... au XIIIe siècle.

À partir de 1275, sous le règne d'Edouard Ier, le royaume confie à une société de négoce italienne, Les Ricciardi, le rôle d'intermédiaire financier chargé de collecter les droits de douane sur certaines exportations anglaises moyennant le prêt d'importantes sommes d'argent au roi.

«La relation avait de grands avantages pour les deux parties: le roi Edouard bénéficiait d'un accès régulier au crédit (...) pour faire face à des évènements imprévus» et les Ricciardi percevaient de confortables intérêts, écrivent les trois auteurs de l'étude publiée sur le site voxeu.org, créé à l'initiative du Centre for Economic Policy Research (CEPR).

Cette société de négoce gère également une partie des fonds collectés par le Pape qui a levé, en 1274, un impôt en Europe pour financer une nouvelle croisade.

Mais tout bascule au début des années 1290. Le Pape veut récupérer ses fonds, suivi par le Roi de France. Les sociétés de négoce «se retrouvent sous-capitalisées», en proie à «une crise de liquidités».

Aussi, quand la guerre de Guyenne éclate entre l'Angleterre et la France en 1294, les Ricciardi sont incapables de fournir au roi Edouard les fonds qu'il réclame pour financer son armée.

«Comme beaucoup de banques, les Ricciardi arguèrent que leurs difficultés étaient à court terme et qu'actif et passif étaient à l'équilibre», relèvent les auteurs.

Finalement désavoués par le roi, les Ricciardi tentèrent de persuader le Pape, leur autre grand créditeur, de reprendre leurs créances en France et en Italie.

«On peut comparer cela aux interventions des Etats qui échangent des bons du trésor contre des actifs moins liquides détenus par les banques», selon l'étude.

Mais la tentative échoua et les Ricciardi firent faillite.

Le roi n'en sortit pas indemne: il dut emprunter à des taux bien plus élevés (jusqu'à 150% contre 15% auparavant) et augmenta les impôts, contribuant «à une crise constitutionnelle majeure en 1297», souligne l'étude.