Frappé par la crise immobilière américaine, le fabricant d'appareils pour personnes à mobilité restreinte Savaria (T.SIS) se tourne vers le marché chinois, qu'il entend percer d'ici la fin de l'année.

L'entreprise lavalloise compte déjà une soixantaine d'employés dans une usine située à Huizhou, dans le sud de la Chine, à distance de route de Shenzhen et de Hong Kong. On y fabrique des composantes pour les ascenseurs résidentiels, les plates-formes et les sièges d'escalier que Savaria commercialise surtout, pour l'instant, au Canada et aux États-Unis.

Le fabricant a déjà commencé à installer des ascenseurs résidentiels dans la province du Guangdong et salive à l'idée de vendre ses plates-formes - qui permettent aux personnes en fauteuils roulants de franchir des escaliers - aux autorités publiques.

«Le marché de l'accessibilité en Chine, c'est tout nouveau», a convenu le président et chef de la direction de Savaria, Marcel Bourassa, au cours d'un entretien accordé en marge de l'assemblée annuelle des actionnaires, jeudi à Montréal.

«Mais de plus en plus, le gouvernement veut rendre accessibles les lieux publics, a-t-il ajouté. On l'a vu avec les Jeux olympiques (de Pékin, l'an dernier).»

Le marché résidentiel apparaît aussi fort intéressant: un nombre grandissant de Chinois se font construire des immenses maisons dans lesquelles ils souhaitent installer un ascenseur, un équipement qui se vend au moins 20 000 $. Le défi sera de mettre sur pied un réseau de distribution semblable à celui que Savaria possède en Amérique du Nord et qui compte désormais quelque 600 revendeurs.

«C'était considéré un élément de luxe, mais maintenant, beaucoup de nouvelles résidences de 300 000 $ ou 400 000 $ (partout dans le monde) comprennent un ascenseur», a indiqué M. Bourassa.

L'Europe aussi

En 2010, Savaria compte se lancer sur le marché européen des ascenseurs résidentiels avec son partenaire italien, Vimec, dont il revend certains produits d'escalier en Amérique du Nord.

Ces derniers mois, le fabricant a restructuré ses activités en profondeur. À l'automne 2007, il a fermé son usine de Laval, ce qui a entraîné le licenciement de 80 employés. Les principales installations de Savaria sont désormais celles de Brampton, en Ontario, où l'on fabrique des ascenseurs et des plates-formes.

À Montréal, l'entreprise effectue en outre la conversion et l'adaptation de véhicules pour les personnes à mobilité réduite. En incluant le personnel du siège social et les installateurs, Savaria emploie une centaine de personnes au Québec sur un total de 370. Conséquence de ses projets d'expansion en Chine, le fabricant entend doubler le nombre de ses employés dans ce pays d'ici la fin de l'année.

À cause principalement de l'effondrement du marché résidentiel américain, les ventes de Savaria, deuxième joueur du secteur sur le continent, sont en baisse depuis plus de deux ans. En 2008, le chiffre d'affaires a reculé de 4,9 pour cent pour s'établir à 54,7 millions $. L'entreprise a néanmoins réussi à dégager un bénéfice net de 1,6 million $ en 2008, comparativement à une perte nette de 324 000 $ en 2007.

Les résultats ont été entachés par la décision de la direction de placer la quasi-totalité de son encaisse, soit 3 millions $ US, dans du papier commercial adossé à des actifs (PCAA). «À un moment donné, il faut tourner la page de ce très dur épisode», a soupiré M. Bourassa.

Au premier trimestre de 2009, terminé le 31 mars, l'entreprise a déclaré une perte d'exploitation de 137 000 $, comparativement à une perte d'exploitation de 712 000 $ un an plus tôt. Les ventes ont plongé de huit pour cent à 11 millions $. Gonflé par un gain exceptionnel de 646 000 $, le bénéfice net a atteint 555 000 $ (deux cents par action), comparativement à une perte nette de 588 000 $ (deux cents par action) il y a un an,

L'action de Savaria a clôturé jeudi à 64 cents, un cours inchangé par rapport à celui de la veille, à la Bourse de Toronto. Depuis le début de l'année, le titre a crû de 23 pour cent. M. Bourassa détient 45 pour cent du capital-actions, alors que son frère Jean-Marie en possède 10 pour cent.