Les incertitudes liées à la crise économique et à l'épidemie de grippe porcine ne cessent de freiner les voyages dans le monde entier, suscitant les inquiétudes des participants à la la Conférence mondiale du tourisme qui s'est ouverte vendredi au Brésil.

Le tourisme international risque de subir un coup de frein brutal en cas de pandémie de grippe porcine, avec une baisse du nombre de voyageurs internationaux qui pourrait atteindre «jusqu'à 60%», a déclaré vendredi à l'AFP l'économiste John Walker.

«La probabilité d'une pandémie est actuellement relativement faible, mais la grippe porcine pourrait ressurgir de manière plus forte pendant l'hiver prochain» dans l'hémisphère Nord, a expliqué M. Walker, dirigeant du cabinet d'études anglais Oxford Economics.

Quant à la crise économique, ses effets sur les Etats-Unis et l'Europe risquent d'être plus dévastateurs que redouté, alors que l'Amérique latine, hôte pour la première fois de ce sommet organisé par le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), semble plutôt résister à la crise.

Ainsi, au cours des deux premiers mois de l'année, la chute du nombre de voyageurs dans le monde s'est accélérée à -7,7% par rapport à la même période de 2008, selon l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). Un chiffre supérieur aux prévisions de l'OMT qui avait tablé sur un recul de 2% en 2009.

«Nous n'avons aucune visibilité. Si nous finissons l'année sur une baisse inférieure à 5%, on peut estimer qu'on ne résiste pas trop mal», a déclaré à l'AFP Geoffrey Lipman, sous-secrétaire général de l'OMT.

Et impossible, selon lui, de faire la part des choses quand il s'agit de mesurer l'impact de la grippe porcine sur les voyages: «qui pourra dire que tel ou tel touriste a renoncé à son voyage parce qu'il avait peur de la grippe ou parce qu'il ne pouvait pas payer les traites de sa maison».

Seule certitude, le Mexique est frappé de plein fouet par les effets du virus H1N1: des hôtels de la célèbre station balnéaire de Cancun, désertés par leurs clients, sont allés jusqu'à offrir des vacances gratuites pendant trois ans aux touristes qui y seraient contaminés par la grippe porcine.

«Cela paraît être pour le moment une épidémie relativement bénigne, il n'y a pas une propagation très violente comme avec le SRAS» en 2003, a commenté Jean-Claude Baumgarten, président du WTTC. Mais il préfère rester «prudent» car «la psychose» entretenue par le virus constitue un frein aux voyages.

Cette désaffection pour le Mexique pourrait profiter au Brésil, deuxième destination touristique en Amérique latine avec 5,2 millions de visiteurs étrangers en 2008.

«Certains touristes habitués de Cancun vont désormais à Salvador de Bahia sur la côte atlantique du Brésil», a noté Gisela Mendonça, directrice de la communication d'Embratur, l'office de promotion touristique du pays.

L'Amérique latine, tout comme l'Afrique, a été jusqu'ici épargnée par les retombées de la crise sur le tourisme, avec des taux de croissance chiffrés par l'OMT entre 3 et 5% pour janvier et février.

Venu inaugurer le sommet à Florianopolis (sud), le président Luiz Inacio Lula da Silva a invité les patrons du tourisme international à investir au Brésil, modèle de «stabilité économique», dans un contexte de morosité économique mondiale.

Mais l'heure est plutôt à l'attentisme: les transactions financières «sont presque à l'arrêt, tout le monde attend que la crise passe», a déploré un banquier spécialisé dans les fusions et acquisitions dans le tourisme.