Le grand patron de Bell Canada Entreprises (t.bce) , George Cope, a rencontré un groupe restreint de trois journalistes après l'assemblée annuelle des actionnaires tenue ce matin à Toronto. Voici un condensé de ses réponses.

L'ampleur des primes et salaires versés l'an dernier aux principaux dirigeants de BCE a outré bien des actionnaires et employés. Croyez-vous qu'il y a une certaine justification à ce sentiment d'outrage ?

Tous les actionnaires ont droit à leur opinion, et c'est pourquoi on organise des assemblées. C'est le conseil d'administration qui détermine la rémunération. Il y avait des engagements contractuels qui ont été mis en place, et ils ont été honorés quand le leadership a changé. C'est tout ce que je dirai aujourd'hui.

Le vote consultatif sur la rémunération, qui a été approuvé ce matin, changera-t-il quelque chose ?

Je crois que l'acceptation d'un tel vote dans plusieurs entreprises canadiennes a déjà changé des choses. On verra à partir de l'année prochaine comment cela se mettra en place.

Quel pourcentage de la rémunération actuelle des dirigeants repose sur l'appréciation du titre de BCE en Bourse ?

Il y a quatre éléments qui la déterminent, en fait. Il y a les revenus, qui représentent 20 à 25%, le BAIIA (bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement), les flux de trésorerie, et ensuite l'atteinte des cinq impératifs stratégiques qu'on a élaborés.

Quelle est la principale différence avec l'ancienne structure de rémunération ?

C'est l'élément de salaire variable. La composante variable est aujourd'hui beaucoup plus importante, puisque les salaires de base sont demeurés les mêmes depuis quelques années. Alors que la rémunération d'un vice-président de Bell dépendait autrefois du boni à hauteur de 25%, aujourd'hui cela peut représenter 40% car son salaire de base n'a pas bougé depuis deux ou trois ans. Les salaires ont donc augmenté, mais seulement à cause de la partie variable. Si on atteint nos objectifs, ils auront autant d'argent, mais si ce n'est pas le cas, ils en recevront moins. La société est maintenant plus axée sur les résultats.

Qu'est-ce qui vous permet de ne pas abaisser vos projections de profits et de revenus, comme l'a fait Telus par exemple ?

Les résultats du premier trimestre nous ont donné confiance, au chapitre du BAIIA et des revenus. Notre plan de 100 jours (NDLR : une initiative de réduction des coûts lancée par George Cope à son arrivée en poste en juillet dernier) nous a permis d'extraire tellement de coûts de la société, que nous avons maintenant, nous croyons, la flexibilité nécessaire pour maintenir nos cibles de BAIIA. Et je crois que nous avons émis des projections conservatrices, de toute façon.

Beaucoup d'employés ont fait part de leur frustration pendant l'assemblée de ce matin. Tous les changements que vous implantez commencent-ils à poser des problèmes au plan des ressources humaines ?

Je crois fondamentalement que l'entreprise va dans la bonne direction avec le changement de culture que nous mettons en place. Les employés l'ont vu avec les nouveaux véhicules qu'on met sur la route, nos nouvelles marques, les nouveaux uniformes pour nos membres d'équipe. On investit. Ceci étant dit, on a fait de la consolidation à l'interne, et des gens qui habitent à Toronto, Montréal ou Québec et qui ont été pénalisés ont le droit de lever la main pour le dire.

Combien de gens ont quitté l'entreprise exactement depuis votre arrivée ?

3500, dont 2800 étaient des cadres. Et environ 1000 autres quitteront d'ici la fin de l'année grâce aux offres de retraite qu'on a faites.

Barry K. Allen, le conseiller principal de Providence Equity Partners (une des firmes qui devait racheter BCE avec Teachers'), a été nommé au conseil d'administration de BCE. Pourquoi ?

Évidemment, il ne sera impliqué dans aucune des discussions concernant la poursuite (NDLR: au sujet des frais de résiliation de 1,2 milliard de dollars liés à l'échec de la transaction avec Teachers'), il va quitter la salle quand le sujet viendra. Mais il était vraiment beaucoup plus centré sur le côté opérationnel que financier de la transaction, il a une expérience énorme en télécoms. Et quand on regarde le conseil de BCE, on n'avait personne avec une expérience en télécoms. Cet homme a dirigé trois entreprises de télécoms importantes aux États-Unis. Je suis sûr qu'il permettra de générer de la valeur pour les actionnaires.

L'achat de la partie restante de Virgin Mobile pour 142 millions changera-t-il vos plans concernant l'autre marque sans-fil à rabais de Bell, Solo ?

Probablement à terme, mais pour l'instant nous ne ferons rien. Avec tous les nouveaux concurrents qui arrivent, ce sera une bonne chose d'avoir deux marques. Mais dans quelque temps, il pourrait y avoir une consolidation.

En plus de l'acquisition de Virgin, que prévoyez-vous faire pour améliorer la performance du sans-fil ?

Je crois qu'on prend les bonnes décisions stratégiques avec l'achat de Virgin, des magasins La Source et nos investissements en technologie. Cela nous permettra de continuer à profiter du momentum qu'on a en ce moment.