Le groupe informatique américain Microsoft a livré jeudi des résultats trimestriels décevants, marqués par la première chute de son chiffre d'affaires depuis qu'il est coté en Bourse, et n'a guère cherché à rassurer sur la reprise de ses affaires à court terme.

Le bénéfice net de l'éditeur de logiciels a chuté de 32%, à 2,98 milliards de dollars, et son chiffre d'affaires, étroitement lié à la santé des ventes d'ordinateurs, a baissé de 6%, pour tomber à 13,65 milliards de dollars.

Si le résultat du groupe est à peu près conforme aux attentes du marché, il n'en est pas de même de ses ventes, dans la mesure où les analystes lui avaient fixé un objectif bien plus ambitieux de 15 milliards de dollars.

En l'absence du PDG Steve Ballmer, le directeur financier Chris Liddell n'a rien fait pour dissiper la déception des analystes, leur expliquant lors d'une téléconférence qu'il attendait une reprise économique «lente et progressive», et que la «faiblesse» du marché durerait «au moins» jusqu'à la fin juin.

«Je n'ai vu aucune amélioration à la fin du trimestre qui nous en encouragerait à croire que nous ayons touché le fond», a-t-il dit. «La situation a arrêté d'empirer, cela ne veut pas dire qu'elle s'améliore».

Microsoft s'affiche plus pessimiste que le fabricant de composants Intel, dont le directeur général Paul Otellini avait estimé la semaine dernière que les ventes d'ordinateurs étaient prêtes à retrouver un cycle «normal».

L'action de Microsoft gagnait pourtant 3,33% dans les échanges électroniques après la clôture de la Bourse de New York, à 19,55 dollars.

L'analyste Heather Bellini, de la banque UBS, a expliqué sur la chaîne de télévision financière CNBC que les investisseurs se satisfaisaient de l'effort de réduction des coûts engagé par le groupe.

Il y a trois mois, le groupe avait annoncé la suppression de 5.000 emplois, en réaction à une baisse de 11% de son bénéfice trimestriel.

Microsoft, qui publiait les résultats du troisième trimestre de son exercice 2008/09 (janvier-mars), est victime, comme de nombreuses autres entreprises technologiques, de la baisse des dépenses d'équipement informatique.

Mais le directeur opérationnel Kevin Turner a souligné qu'avec les nouveaux produits en préparation, Microsoft «reste très bien placé pour gagner des parts de marché».

Le premier trimestre a été marqué par le lancement, en version expérimentale, du nouveau système d'exploitation Windows 7, bien accueilli par la critique. Ce système, qui doit remplacer le très décrié Vista lancé il y a deux ans, doit être lancé commercialement «durant l'exercice 2010», c'est-à-dire après juin.

Pour l'heure, le détail des comptes du groupe offre un sombre tableau, avec une chute des ventes dans presque tous les secteurs.

L'activité internet de Microsoft a vu son activité plonger de 14% à 721 millions de dollars - et a plus que doublé sa perte à 582 millions de dollars.

«Pas étonnant que Microsoft ait besoin d'un accord avec Yahoo!», s'est esclaffé l'analyste Douglas McIntyre, sur le site 247WallSt.com.

Le PDG Steve Ballmer répète régulièrement qu'il souhaite trouver un accord avec le site internet Yahoo!, un an après le rejet son offre de rachat, afin de mieux concurrencer le moteur de recherche Google, qui s'est adjugé près des deux tiers du marché américain des recherches sur internet.

L'activité phare d'édition de logiciels Windows a plongé de 16,75% à 3,2 milliards de dollars. Elle suit de près l'évolution des ventes d'ordinateurs. Ces derniers temps, a souligné M. Liddell, «les marché mûrs ont nettement ralenti, et dans les marchés émergents le déclin a été encore plus marqué».

Seuls les serveurs et matériels ont vu progresser leur chiffre d'affaires, de 6,9% à 3,4 milliards de dollars, alors que les divertissements, stabilisés par les ventes de la console de jeu XBox 360, ont limité le reflux à 1,7%, à 1,56 milliard de dollars.