La Banque du Canada n'a pas l'intention d'activer la planche à billets avant au moins un mois et demi, bien qu'elle ait dévoilé ce matin comment elle entend s'y prendre, si nécessaire.

Elle a indiqué aussi que le premier trimestre que nous venons de traverser a été le pire depuis 1961 avec une décroissance probable de 7,3% du produit intérieur brut. La taille de l'économie rapetissera encore de 3,5% et de 1% au cours du printemps et de l'été, prévient-elle, avant de se remettre à croître de manière très soutenue dès l'automne.

Dans son Rapport sur la politique monétaire semestriel publié hier, la Banque décrit les trois voies non conventionnelles que l'atteinte de sa cible d'inflation pourra emprunter, compte tenu qu'elle a désormais abaissé son taux directeur à son niveau plancher de 0,25%.

Cela passe d'abord par la communication sans équivoque de la trajectoire à moyen terme de son taux directeur. C'es ce qu'elle a fait mardi en affirmant qu'il demeurera à 0,25% au moins jusqu'à la fin du deuxième trimestre de l'an prochain. Cette transparence porte fruit, à ses yeux, puisque la courbe des taux obligataires s'est déjà aplatie quelque peu pour les échéances de deux ans.

La Banque veut agir sur la courbe des taux à moyen terme, surtout pour les échéances de deux à cinq ans. C'est dans cette fourchette que le gros du marché des prêts hypothécaires se situe au Canada alors que c'est plutôt les échéances plus longues que vise la Réserve fédérale américaine, compte tenu des caractéristiques du marché hypothécaire aux États-Unis.

En pouvant infléchir les taux, la Banque crée des conditions favorables à l'accroissement du crédit, à la relance de la croissance et à la progression du taux d'inflation vers sa cible de 2,0%. L'indice des prix à la consommation ralentit rapidement depuis l'été au point d'entrer en territoire négatif prochainement sans pour autant qu'il faille craindre une déflation caractérisée par la baisse générale des prix.

Si besoin est, la Banque pourra aussi acheter directement des titres de dettes du gouvernement canadien ou du secteur privé. «Les marchés visés seraient ceux dont la «défaillance» manifeste (attestée par exemple par la persistance de primes de liquidités excessives) a des effets macroéconomiques importants», précise-t-elle dans le RPM.

Ces transactions pourront être financées soit par assouplissement quantitatif, ou comme on dit plus simplement, en imprimant de l'argent, soit par assouplissement du crédit. Dans ce cas, l'achat de titres pourrait être financé en augmentant la masse monétaire, en vendant d'autres actifs détenus par la banque ou en utilisant des dépôts supplémentaires faits par le gouvernement canadien.

«L'ampleur des interventions de la Banque serait guidée par une appréciation prudente des mesures nécessaires pour produire l'amélioration souhaitée des conditions financières», lit-on aussi.

La Banque précise aussi que c'est lors de l'annonce à date fixe  du taux directeur (la prochaine est le 4 juin) qu'elle indiquerait « si elle a l'intention de mettre en oeuvre un programme d'achats d'actifs» et «l'ampleur approximative du programme en question».

Dans son scénario économique, la Banque précise que des changements structurels entraînent la mise au rencart de moyens de production, en particulier dans les industries de l'automobile et de la forêt. En conséquence, elle diminue considérablement le potentiel de croissance de l'économie canadienne, c'est-à-dire le taux optimal d'expansion sans surchauffe. Pour l'année en cours, il est ramené de 2,4% à 1,5% seulement. Pour l'an prochain et 2011, il est ramené de 2,5% à 1,9%.

Ce potentiel sera révisé cet automne.