Le fait que l'économie américaine ait été exagérément financée par d'autres économies moins riches pendant la période de forte croissance de l'économie mondiale est l'une des raisons de la crise mondiale actuelle, a affirmé mercredi la Banque mondiale dans un rapport.

Cette conclusion, déjà partagée par de nombreux économistes dans le monde mais controversée aux États-Unis, est formulée par les experts de l'institution multilatérale dans ses «Indicateurs mondiaux de développement» annuels, qui compilent des dizaines de données économiques, démographiques et environnementales.

«À un degré étonnant, les pays en développement ont financé la consommation des pays à haut revenu», a souligné la Banque mondiale dans un communiqué.

Selon ses experts, «une croissance économique record pour les économies émergentes, tirée par les exportations, a fait basculer l'équilibre du pouvoir économique mondial, comme le montre leur part croissante dans la production, le commerce et les réserves mondiaux».

«Les taux d'épargne élevés ont surpassé leur capacité à investir dans leur propre économie», menant à «un vaste empilement de réserves de change», notamment en Chine.

«Donc des économies plus pauvres ont financé les déficits des comptes courants des économies à revenus élevés», faisant grimper exagérément le prix des actifs et provoquant une expansion intenable du crédit immobilier aux États-Unis, conclut la Banque mondiale.

«Ce qui a fait enfler les bulles dans l'immobilier mondial et sur les marchés boursiers, ce sont les déséquilibres mondiaux qui ont nourri la liquidité dans le système, abaissant les taux d'intérêt et alimentant les bulles sur le prix des actifs», a-t-elle souligné.

«De 2005 à 2007 les cinq économies aux plus grands excédents ont représenté 71% des excédents de comptes courants totaux, et les cinq économies les plus en déficit, 79% du total des déficits de comptes courants», écrivent les économistes.

Les pays qui finançaient la consommation sont dans l'ordre la Chine (26% des excédents mondiaux à elle seule), l'Allemagne, le Japon, l'Arabie Saoudite et la Russie.

Les pays empruntant le plus sont les États-Unis (57% des déficits à eux seuls), loin devant l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Australie et l'Italie.