L'inflation a encore reculé en mars, ce qui donne un peu plus de marge de manoeuvre au gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, pour réduire son taux d'intérêt directeur d'un autre cran la semaine prochaine.

Les prix à la consommation ont grimpé de 1,2% le mois dernier par rapport à l'an dernier, alors que les économistes s'attendaient en général à ce que l'inflation reste à 1,4%. La baisse des prix de l'essence et des automobiles a eu le dessus sur les hausses des coûts de l'alimentation et de l'habitation.

Le ralentissement de l'inflation d'ensemble enregistré par Statistique Canada confirme une tendance qui a débuté l'été dernier lorsque les prix du pétrole ont commencé à retraiter de leur sommet historique et que la récession mondiale s'est installée.

Les économistes prédisent que l'inflation d'ensemble se retrouvera bientôt en territoire négatif sur une base annuelle, compte tenu de la flambée des prix de l'essence du printemps et de l'été dernier.

«L'écart des prix de l'énergie entre le printemps et l'été de 2008 et les niveaux que nous projettons nous annoncent une inflation d'ensemble sous la barre de zéro», a commenté l'économiste Dawn Desjardins, de la Banque Royale.

Cela ne veut cependant pas dire que les Canadiens devraient commencer à craindre une vague de déflation - un mouvement à la baisse généralisé des prix dévastateur qui réduit la valeur des actifs, décourage la consommation et entraîne des réductions de production.

«Je ne crois pas que nous devrions nous inquiéter de la déflation», a estimé Benjamin Reitzes, de BMO Marchés des capitaux. «À moins que les prix de base virent au négatif, la déflation ne sera pas un problème au Canada.»

Le Canada a atteint une situation particulière dans laquelle il existe peu d'inquiétude, ni par rapport à une forte inflation, ni par rapport à une déflation, a observé Meny Grauman, économiste chez Marchés mondiaux CIBC.

Le rapport de vendredi fait état d'une inflation de base - qui exclut les items les plus volatifs comme l'énergie et les légumes frais - conforme à la cible de la Banque du Canada, soit 2,0%.

Compte tenu de la faiblesse de l'économie et de celle de l'inflation, un comité d'économistes de l'institut C.D. Howe recommande à la banque centrale de réduire son taux d'intérêt directeur - déjà à un creux record - d'un quart de point de pourcentage à 0,25% lors de la prochaine rencontre à ce sujet, mardi prochain.

Selon la majorité des 10 économistes questionnés par le groupe de recherche, un assouplissement «quantitatif» - soit une augmentation de la masse monétaire par le biais d'achats d'actifs des banques commerciales par la banque centrale - serait de mise pour faire en sorte que «davantage d'argent se retrouve dans les mains d'institutions privées pour promouvoir un plus grande croissance de la base monétaire».

M. Carney devrait préciser ses intentions quant à un assouplissement quantitatif et d'autres mesures pour faciliter le crédit jeudi prochain.