Les cinq principaux dirigeants de Quebecor (T.QBR.B) se sont partagé 16 millions de dollars en salaires et primes pour l'exercice 2008, révèle la circulaire de la direction tout juste envoyée à ses actionnaires.

Et de cette somme, au moins 12,5 millions ont été consentis à seulement deux dirigeants: le président et chef de la direction, Pierre Karl Péladeau, avec 6,98 millions, et le président de Vidéotron, Robert Dépatie, avec 5,52 millions.

 

Dans les deux cas, la majeure partie de cette rémunération multimillionnaire provient de primes versées au comptant ou en options d'achat d'actions de Quebecor et de sa filiale Quebecor Media.

Ces primes ont été attribuées pour un exercice financier durant lequel Quebecor a redressé son résultat net avec un bénéfice de 187 millions, comparé à une perte de 969 millions un an plus tôt.

Toutefois, la perte énorme en 2007 était surtout attribuable aux importants frais de restructuration et de radiation d'actif infligés à Quebecor par son ex-affiliée en imprimerie, Quebecor World.

Depuis, Quebecor a évacué de son bilan l'imprimeur qui est en protection de faillite depuis plus d'un an.

Ce découplage a d'ailleurs provoqué l'atrophie des deux tiers du chiffre d'affaires consolidé depuis deux ans, qui passe de 9,8 à 3,7 milliards, selon l'agence financière Bloomberg.

L'actif consolidé de Quebecor a aussi été réduit d'un tiers depuis deux ans, passant de 13 à 8 milliards.

Pourtant, cette réduction de l'envergure d'affaires de Quebecor ne paraît pas à la rémunération de son président et chef de la direction.

En fait, c'est le contraire qui s'est produit, montre un examen des récentes circulaires de direction de l'entreprise.

L'exercice 2008 est le second consécutif où la rémunération totale de Pierre Karl Péladeau dépasse 5 millions en salaire et primes. Et ce, malgré une réduction de son salaire de base à 1,2 million en 2008 comparativement à 1,4 million en 2007.

Lors de l'exercice antérieur en 2006, la rémunération totale du président de Quebecor fut d'environ 2,5 millions, sans compter la valeur potentielle d'un demi-million d'options d'achat d'actions.

Pour la suite, du point de vue des actionnaires de Quebecor, c'est lors de leur assemblée du 13 mai prochain, dans un studio du télédiffuseur TVA à Montréal, qu'ils pourront faire valoir leur opinion sur la rémunération des hauts dirigeants.

Toutefois, à la différence d'autres grandes entreprises établies à Montréal, aucun vote ni proposition d'actionnaire à ce sujet n'est inscrit à l'agenda officiel de l'assemblée.

En Bourse, en dépit d'un rebond de toute fin d'année, les actions de Quebecor ont perdu un peu plus de la moitié de leur valeur durant l'exercice 2008.

Au conseil d'administration de Quebecor, le Comité de rémunération est dirigé par Françoise Bertrand, ex-présidente du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), principal régisseur fédéral des télécommunications et de la télévision.