Les mois se suivent et se ressemblent pour l'emploi aux États-Unis: l'économie a détruit 663 000 postes de travail en mars, faisant bondir le chômage, déjà à son plus haut depuis vingt-cinq ans, à 8,5%.

C'est ce qui ressort des chiffres corrigés des variations saisonnières publiés par le département du Travail vendredi.La baisse de la main-d'oeuvre employée est supérieure aux prévisions des analystes, qui tablaient sur 658 000 suppressions d'emplois nettes. La progression du taux de chômage est en revanche conforme à leurs attentes.

Le recul de l'emploi en mars suit plusieurs mois déjà catastrophiques: février avait été marqué par 651 000 destructions d'emplois, janvier par 655 000, et décembre s'est avéré être le mois le plus noir depuis 1949, avec 681 000 postes détruits.

Selon une formule désormais consacrée, le ministère écrit que «les conditions du marché de l'emploi ont continué de se dégrader en mars».

«Depuis le début de la récession en décembre 2007, les pertes d'emplois ont atteint 5,1 millions, dont 3,3 millions ont eu lieu simplement au cours des cinq derniers mois», ajoute le ministère.

«La chute a affecté un grand nombre de secteurs de l'industrie», et l'emploi a continué de se contracter dans la plupart des catégories du secteur des services», où travaille environ 85% de la main d'oeuvre non-agricole, indique le ministère.

Sinistrée depuis plus de deux ans, l'industrie a encore perdu 305 000 emplois en mars, tandis que 358 000 postes étaient détruits dans le secteur des services.

Le chômage est passé de 8,1% en février à 8,5% en mars. C'est son plus haut niveau depuis novembre 1983.

Dans ses dernières prévisions publiées en février, la Réserve fédérale (Fed) tablait sur un chômage compris entre 8,5% et 8,8% en 2009, mais au rythme où vont les choses, plusieurs analystes estiment qu'on ne pourra éviter un chômage à deux chiffres en 2010, voire dès cette année.

Le nombre des chômeurs aux États-Unis atteint désormais 13,2 millions, selon le décompte officiel du ministère. À cela s'ajoutent plus de 5,5 millions de personnes disant vouloir trouver un emploi mais non comptabilisées dans la population active pour diverses raisons.

Le nombre de chômeurs de longue durée (27 semaines ou plus) continue d'augmenter pour atteindre désormais 3,2 millions. Près d'un chômeur sur quatre est un chômeur de longue durée, proportion qui n'avait plus été constatée depuis mi-1983, écrit le ministère.

Selon le ministère, 9,3 millions de personnes sont contraintes de travailler à temps partiel contre leur gré du fait de la conjoncture économique, soit plus de 4 millions de plus qu'un an plus tôt.

Le ministère note que depuis le début de la récession, la montée du chômage est due principalement à des personnes perdant leur emploi (dans 80% des cas), par opposition à des personnes entrant (ou rentrant) sur le marché du travail sans trouver de poste.