Le groupe de presse Sun-Times Media Group, qui contrôle 59 quotidiens aux États-Unis, a annoncé mardi qu'il déposait son bilan, expliquant cette décision par la dégradation de la conjoncture économique et un redressement fiscal hérité de sa précédente direction.

Le recours à l'article 11 de la loi américaine sur les faillites va permettre au groupe de se restructurer sous contrôle judiciaire.Cité dans un communiqué, le président et directeur général par intérim Jeremy Halbreich a assuré que la décision de déposer le bilan n'affecterait pas dans l'immédiat le fonctionnement au quotidien du groupe.

S'adressant aux lecteurs des titres du groupe, M. Halbreich les a assurés que «cette décision ne signifie en rien que nos journaux et nos sites internet vont mettre la clé sous la porte».

Le groupe Sun-Times comprend notamment le grand quotidien Chicago Sun-Times, le plus ancien quotidien de la ville, et une série de petits journaux locaux comme le Courier-News d'Elgin, le Herald News de Joliet ou le Lake County News-Sun de Waukegan.

Il est le dernier groupe de presse en date à demander à la justice une protection face à ses créanciers. La récession qui s'intensifie pousse en effet les annonceurs à réduire leurs investissements publicitaires et les Américains à se tourner vers des contenus gratuits sur internet.

Avant Sun-Times, le numéro deux américain du secteur, le groupe Tribune - propriétaire de l'autre grand journal de Chicago, le Chicago Tribune - , avait déjà déposé son bilan.

D'autres groupes de presse ont aussi engagé une restructuration sous le contrôle d'un juge, parmi lesquels The Minneapolis Star Tribune, Philadelphia Newspapers, The Inquirer et The Daily News.

Certains titres, à l'instar du Detroit Free Press, ont décidé de réduire la périodicité des livraisons à domicile pour faire des économies.

Les déboires financiers de Sun-Times Group ne sont pas seulement imputables à l'environnement économique actuel: ils sont aussi le fruit de l'ancienne direction, sous l'ère du magnat déchu des médias Conrad Black, qui a laissé une ardoise de 608 millions de dollars en arriérés d'impôts et autres pénalités.

Conrad Black purge actuellement une peine de six ans et demi de prison pour pratiques frauduleuses. Celui qui a longtemps été comparé au «Citizen Kane» d'Orson Welles a perdu l'an dernier l'appel de sa condamnation pour fraudes et obstruction à la justice.

Conrad Black a un temps dirigé le troisième empire de presse au monde, le groupe Hollinger, qui détenait à son apogée de plus de 500 titres. Le groupe s'est placé sous contrôle judiciaire en août 2007, a été renommé depuis Sun-Times Media Group, avec un périmètre drastiquement réduit.