Est-ce bien le retour du beau temps? Les journées rallongent, le printemps se pointe aujourd'hui et, surprise, l'inflation canadienne a fait beaucoup mieux que prévu en février, avec une première hausse des prix à la consommation (0,7%) en cinq mois. Hélas! ce n'est là qu'un rebond passager qui ne change pas vraiment les perspectives économiques canadiennes.

Sur une base annuelle, l'indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 1,4% en moyenne depuis février 2008 (0,8% au Québec). Cela dépasse le résultat de 1,1% enregistré en janvier. En excluant les prix de l'essence, l'inflation a été de 2,5%.

 

Les économistes relativisent toutefois la signification de ces données. «À notre avis, il ne faut pas y voir un signe que les forces déflationnistes s'amenuisent», soutient Martin Lefebvre, économiste principal chez Desjardins. Il remarque que le prix des biens est toujours en baisse sur une base annuelle (-0,1%).

«Après une contraction importante de l'activité économique au pays au dernier trimestre de 2008, il faut s'attendre à une croissance encore plus faible pour les trois premiers mois de 2009, ajoute M. Lefebvre. Par conséquent, les pressions baissières sur les prix et les salaires resteront importantes au cours des prochains mois.»

Certes, la hausse de l'inflation reste «une heureuse surprise» pour la Banque du Canada, comme le souligne Yanick Desnoyers, économiste à la Financière Banque Nationale.

Mais avec un IPC de référence de la Banque du Canada (excluant huit composantes volatiles) à 1,9%, l'inflation reste sous la cible de 2% de la banque centrale et devrait même s'en éloigner, note Douglas Porter, de BMO Marchés des capitaux. Il précise néanmoins que la déflation reste une éventualité assez lointaine.

Selon M. Porter, les perspectives inflationnistes restent assez modérées pour que la Banque du Canada se laisse à son tour tenter par l'idée d'imprimer de l'argent (quantitative easing), à l'image de ce que la Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé cette semaine.

Hausse du prix des aliments

Le glissement annuel des prix de 1,4% est principalement attribuable à la forte hausse des prix des aliments (7,4% sur un an) et des coûts du logement (3%). Le prix des légumes frais, par exemple, a augmenté de 25,8%.

Les coûts de transports sont encore les principaux responsables des pressions à la baisse sur les prix à la consommation (-5,8% sur un an).

Cela s'explique par la baisse des prix de l'essence et des coûts d'achat ou de location de véhicules automobiles. La diminution est toutefois un peu moins marquée qu'en janvier puisque les prix du carburant ont légèrement augmenté, tout comme les prix suggérés par les constructeurs automobiles.