Les ministres des Finances et présidents de banque centrale du G20 ont commencé à plancher sur la question vendredi pour préparer la réunion très attendue, début avril, des dirigeants des 20 principales économies de la planète.

«Le danger aujourd'hui est de ne rien faire, ou bien pas assez ou trop tard», a averti le président de la Banque mondiale Robert Zoellick devant la presse, avant de rejoindre les grands argentiers du G20 réunis pendant deux jours à Horsham, à 50 kilomètres au sud de Londres.

M. Zoellick, qui prédit une contraction de 1 à 2 pour cent de l'économie mondiale cette année, a affirmé que 2009 «s'annonce comme une année très dangereuse», ajoutant que les turbulences pourraient continuer durant une bonne partie de 2010.

Reste que les membres du G20, qui représentent 80 pour cent de l'économie mondiale, sont divisés sur la stratégie à suivre. Les Européens veulent renforcer la surveillance des marchés financiers alors que les États-Unis prônent des plans de relance plus importants.

Premier créancier des États-Unis, la Chine, qui détient notamment des bons du Trésor américain, a fait part de sa préoccupation vendredi. Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a appelé Washington à veiller à ce que la réponse américaine à la crise mondiale n'affecte pas la valeur de ces avoirs, ajoutant qu'il était «un peu inquiet».

Ces divisions laissent planer le doute sur les chances de parvenir à un agenda commun pour le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du G20 prévu le 2 avril à Londres. «Les présages ne sont pas bons», a commenté Giles Wilkes, un économiste du CentreForum. «Même au sein de l'Europe, il ne semble pas y avoir une approche commune.»

Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, juge nécessaire que d'autres grands pays s'engagent plus fortement pour relancer leur économie. Plusieurs partenaires de Washington y sont favorables mais réclament également une réforme de la régulation de la finance mondiale.

Soucieux de ne pas aggraver leurs finances publiques, ces pays ne prévoient pas de nouvelles mesures de relance avant d'avoir pu juger de l'efficacité des plans déjà adoptés, ce qui pourrait prendre un an, ont indiqué des responsables de l'Union européenne cette semaine.

Le ministre allemand des Finances, Peer Steinbruck, a été le plus direct, exprimant son mécontentement à l'égard des déclarations américaines reprochant à l'Europe de ne pas en faire assez pour relancer l'économie.

Les divergences américano-européennes sont exacerbées par les revendications des grands pays en développement du G20 comme la Chine, l'Inde et le Brésil, qui veulent peser davantage sur l'ordre économique mondial.

Européens et Américains sont au moins d'accord sur une chose: ils jugent nécessaire d'augmenter les ressources financières du Fonds monétaire international (FMI) pour qu'il puisse aider les pays en difficulté. Les 16 pays de la zone euro sont tombés d'accord cette semaine pour demander aux gouvernements de doubler le budget du FMI à 500 milliards de dollars (390 milliards d'euros) et de lui confier un rôle clé dans la surveillance des menaces sur l'économie mondiale.