Le Canada sortira de la récession actuelle «plus vite» et en meilleure position que les autres pays, a assuré mardi le Premier ministre Stephen Harper tout en avertissant que la reprise mondiale dépend de la stabilisation du système financier américain.

   Dans son premier discours majeur depuis que le Canada est entré en récession fin 2008, M. Harper a dit que le Canada traversait «la période la plus difficile» de son histoire mais «dans une position de force significative, lorsqu'on se compare aux autres pays».

   «Le Canada est le dernier pays avancé à être entré dans cette récession», a-t-il précisé en promettant de tout faire pour qu'il en sorte «plus vite» que les autres pays et «plus fort que jamais».

   Mais, a-t-il admis, «on ne sortira pas de cette récession mondiale tant que le problème du secteur financier américain ne sera pas réglé».

   La récession a déjà durement touché le Canada, a-t-il poursuivi, mais pas autant que d'autres pays. «L'économie américaine a été touchée deux fois plus durement. La même chose est vraie pour les Européens. Les Japonais ont été touchés quatre fois plus durement», a-t-il affirmé.

   Le Premier ministre conservateur a vanté les avantages de son pays dans la crise actuelle: «le système bancaire le plus solide au monde», «la meilleure situation budgétaire du G7», «une inflation faible et stable», la qualité exceptionnelle de sa main-d'oeuvre et «la diversité de son économie».

   «Le moment est venu pour les Canadiens d'abandonner leur modestie légendaire», a déclaré M. Harper à des décideurs économiques de Brampton, ville du sud de l'Ontario dont le secteur automobile a été durement touché par la crise.

   M. Harper s'est par ailleurs déclaré «frustré» de voir le Sénat canadien, dominé par l'opposition libérale, retarder l'adoption du plan de relance de l'économie que son gouvernement a présenté en janvier et que la Chambre basse du parlement a déjà approuvé.

   Ce plan prévoit des dépenses de 40 milliards de dollars canadiens (31,2 milliards de dollars américains) sur deux ans.

   «D'ici le 1er avril (début du prochain exercice budgétaire, ndlr), le gouvernement pourra injecter 20 milliards de dollars directement dans l'économie», a dit M. Harper.

   Mais à la condition, a-t-il averti, que l'opposition au parlement ne remplace pas «la bureaucratie administrative par une bureaucratie politique».

   «Nous devons tous accroître la pression sur l'opposition pour qu'elle agisse», a-t-il lancé à son auditoire.

    Son ministre des Finances, Jim Flaherty, avait lui aussi mardi invité très fermement les sénateurs à adopter le plan de relance «immédiatement», avant leur départ en vacances pour le reste du mois à la fin de la semaine.

     M. Flaherty a reconnu que les prochains chiffres sur le chômage, ceux pour le mois de février qui seront publiés vendredi, «ne seront vraisemblablement pas bons».

   Depuis octobre dernier, 213.000 emplois ont été perdus au Canada, dont plus de la moitié dans le seul mois de janvier, et les experts s'attendent à une nouvelle perte de 47.500 emplois en février.

   A titre de comparaison, aux Etats-Unis, depuis le début de la récession en décembre 2007, 4,4 millions d'emplois ont été supprimés.

   Dans ses dernières prévisions, la Banque du Canada prévoit une forte contraction de 4,8% du produit intérieur brut (PIB) au premier trimestre 2009, après un recul de 3,4% au quatrième trimestre 2008. Pour l'ensemble de 2009, elle prévoit une contraction de 1,2%, avant un rebond spectaculaire de 3,8% en 2010.