La croissance mondiale pourrait être négative en 2009 pour la première fois depuis des dizaines d'années, a déclaré mardi le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, à Dar es-Salaam en Tanzanie.

«Le FMI prévoit une croissance mondiale en dessous de zéro cette année, la pire performance que la plupart d'entre nous ont jamais vue», a dit M. Strauss-Kahn lors de l'ouverture d'une conférence sur l'impact de la crise économique mondiale sur le continent africain.La dégradation continue de l'environnement financier mondial «associée à un effondrement de la confiance des ménages et des milieux d'affaires mine la demande intérieure à travers le monde», a-t-il ajouté.

Le directeur du FMI avait déjà jugé le mois dernier que la croissance mondiale en 2009 serait voisine de zéro.

Dans ce contexte, l'impact de la crise financière menace de précipiter à brève échéance des millions d'Africains dans la misère et d'attiser les conflits sur le continent, a averti M. Strauss-Kahn.

«Notre rencontre intervient à un moment critique de l'histoire pour l'Afrique. La crise financière mondiale, que l'on peut quasiment qualifier à présent de grande récession, fournit une sombre toile de fond à notre conférence», a-t-il dit.

«Même si la crise a été lente à atteindre les rivages de l'Afrique, nous savons tous qu'elle arrive et que son impact sera sévère», a rappelé le patron du FMI, citant la chute des échanges commerciaux, la diminution des envois d'argent par la diaspora et l'amenuisement des investissements étrangers et de l'aide.

La croissance économique du continent devrait progresser d'environ 3% en 2009, loin des 5,4% de croissance enregistrés en 2008. «Même cette donnée pourrait s'avérer trop optimiste si la crise empire», a-t-il jugé.

M. Strauss-Kahn a insisté sur la nécessité d'une réponse urgente pour l'Afrique, où les variations des performances économiques sont une question de vie ou de mort. «Et la menace n'est pas seulement économique; il y a un risque certain que des millions (d'Africains) replongent dans la pauvreté», a-t-il averti.

«Il ne s'agit pas seulement de protéger la croissance économique ou le revenu des ménages, mais de contenir également la menace de violences civiles, peut-être même d'une guerre», a-t-il expliqué.