L'étude sur l'emploi en février aux États-Unis publiée mercredi par le cabinet ADP, avec près de 700 000 postes détruits, laisse craindre un nouveau pic du chômage dans les chiffres officiels attendus vendredi.

Selon ce cabinet de conseil en ressources humaines, le secteur privé a enregistré une perte nette de 697 000 emplois, un pic depuis le début de la crise actuelle.

ADP, qui n'avait jamais fait état d'un mois aussi désastreux depuis la première publication de ces chiffres en 2000, a surpris les analystes qui tablaient sur 630 000.

«Nous sommes maintenant dans le plus dur de la crise. On prévoit 1,7 million de pertes d'emplois entre janvier et mars», soit un recul de 1,3% du total des emplois aux États-Unis (135,2 millions au 31 décembre), a constaté Sophia Koropeckyj, d'Economy.com (agence Moody's).

Publiée deux jours avant les chiffres officiels du département du Travail, qui couvrent à la fois le secteur privé et le secteur public, l'enquête ADP est un premier aperçu.

Le rapport du ministère vendredi devrait être «terrible», selon les analystes de Morgan Stanley, qui notent que «les statistiques économiques publiées récemment ont été uniformément désastreuses».

Les économistes s'attendaient, avant la publication des chiffres d'ADP, à ce que le l'économie ait supprimé 650.000 emplois en février (en données corrigées des variations saisonnières), après 598.000 en janvier. Ils prévoyaient un bond brutal du taux de chômage, à 7,9% après les 7,6% en janvier, ce qui serait un niveau inédit depuis 25 ans.

Le record d'emplois supprimés a été établi en septembre 1945 (1,966 millions). Si l'on exclut les années 1940, le record date de janvier avec 598 000 (chiffre sujet à révision).

Le taux de chômage était en janvier à son plus haut depuis 1992, mais il pourrait rejoindre les 8,0% de janvier 1984, avant de se diriger vers les records de la fin 1982 (10,8%).

«Tous les indicateurs du marché du travail laissent présager une nouvelle accélération des pertes d'emploi en février: les demandes d'allocations chômage ont été à la hausse ces dernières semaines, et les ménages ont été notablement plus pessimistes sur le niveau de l'emploi dans l'enquête sur la confiance des consommateurs du Conference Board de février», souligne en effet Marie-Pierre Ripert, de Natixis.

Le nombre de nouveaux chômeurs inscrits était lors de la semaine achevée le 21 février au niveau de la période noire de 1982, et la part des ménages jugeant «difficile» de trouver un travail a progressé en février à 47,8% (après 41,1% en janvier).

Les employeurs sont aussi pessimistes. Selon l'enquête auprès des directeurs d'achats de l'association professionnelle ISM, ils étaient ce mois-ci 54% dans l'industrie et 38% dans les services à avoir vu l'emploi se dégrader en février, contre respectivement 6% et 10% à l'avoir vu s'améliorer.

«Le plan de relance fédéral va contribuer à stabiliser le marché du travail pendant le reste de l'année, mais il ne va pas aboutir à des créations nettes d'emplois avant l'année prochaine», a estimé Mme Koropeckyj.

Dans une autre étude publiée mercredi, le cabinet Challenger, Gray & Christmas a calculé que les entreprises américaines avaient annoncé en février leur intention de supprimer 186 350 emplois (aux États-Unis et à l'étranger), après le niveau record de plus de 240 000 en janvier. Pour ces deux mois, le total est deux fois supérieur à celui d'un an plus tôt.