Grugeant presque toute sa marge de manoeuvre, la Banque du Canada abaisse mardi matin son taux directeur d'un demi-point à 0,5% et examine d'autres mesures pour stimuler l'économie.

C'est exactement la décision attendue par les analystes consultés par l'agence Bloomberg.En moins d'une heure, les banques Royale, Nationale, CIBC, TD et BMO ont réagi à la baisse du taux directeur en ajustant leurs taux préférentiels. Le Mouvement Desjardins a fait de même un peu avant 11h, la Scotia et la Laurentienne avant midi.

La raison de la baisse est fort simple: une récession qui heurte de plus en plus l'économie canadienne.

«Les perspectives économiques à l'échelle du globe ont continué de se détériorer depuis la publication de la Mise à jour du Rapport sur la politique monétaire en janvier dernier, l'activité au sein des grandes économies se révélant plus faible que prévu, écrit la banque dans son communiqué. La nature de la récession aux États-Unis, dont les secteurs de l'automobile et du logement sont fortement déprimés, est particulièrement préoccupante pour le Canada.»

L'institution fédérale estime que la reprise n'aura pas lieu tant que le système financier mondial ne redeviendra pas stable, ce qui requière la mise en oeuvre d'ambitieux plans de sauvetage.

«Des retards possibles [...] ainsi que des répercussions plus importantes que prévu de l'érosion de la confiance et des effets de richesse sur la demande intérieure, pourraient faire en sorte que l'écart de production ne commencera pas à se résorber avant le début de 2010», indique le communiqué.

Les plus récentes données économiques font croire à la Banque du Canada que l'économie reculera plus lors de la première moitié de 2009 que ce qui était prévu auparavant.

Ce message est plus pessimiste que le scénario de forte reprise - une croissance de 3,8% - qui avait été établi pour la deuxième moitié de 2009. Par contre, si les mesures des gouvernements se font sentir vers la fin de l'année et en 2010, la reprise sera plus rapide ici que dans les autres pays.

Peu de marge de manoeuvre

La Banque du Canada souligne elle-même qu'elle a accordé un assouplissement monétaire de 4 points de pourcentage depuis décembre 2007. Elle croit que dans ce cadre, l'inflation se maintiendra à 2% ou moins jusqu'à ce que la demande et l'offre redeviennent plus équilibrés.

Maintenant que le taux directeur est de 0,5%, la marge de manoeuvre s'est largement rétrécie pour la banque centrale. Elle examine maintenant l'octroi de crédits et l'assouplissement quantitatif, comme le fait déjà la Réserve fédérale des États-Unis. Le prochain Rapport sur la politique monétaire, prévu pour le 23 avril, en dira plus à ce sujet. Deux jours plus tôt, une annonce aura lieu sur le taux directeur.