Oubliez les comparaisons avec les années 1980 et 1990: l'emploi vient de reculer de façon plus importante en janvier au Canada.

Selon Statistique Canada, environ 129 000 postes sont disparus essentiellement en raison d'une déroute du travail à temps plein. Les pertes sont plus de trois fois plus importantes que les prévisions des analystes, qui tablaient plutôt sur un repli de 40 000 postes.

Cela a fait bondir le taux de chômage de 0,6 point à 7,2% alors que l'on s'attendait à un taux de 6,8%.

Aucune baisse mensuelle enregistrée lors des récessions des décennies 1980 et 1990 n'a été de cette ampleur.

Statistique Canada souligne que le secteur de la fabrication est le plus affecté, car ce sont 101 000 postes qui s'y sont volatilisés. L'agence fédérale souligne que c'est le pire bilan mensuel enregistré depuis qu'elle compile des données comparables.

L'industrie du transport et l'entreposage a retranché 30 000 emplois pendant le mois de janvier. Le seul secteur qui profite d'une hausse importante est celui des soins de santé et de l'assistance sociale avec une progression de 31 000.

La totalité des pertes d'emplois en janvier a été constatée dans les trois plus grandes provinces du pays. L'Ontario déplore la perte de 71 000 postes, la Colombie-Britannique en perd 35 000 et le Québec 26 000.

Dans la Belle Province, le taux de chômage s'élève à 7,7% et les emplois perdus l'ont été au gouvernement qui avait embauché à temps partiel pour les élections provinciales.

La récession actuelle a-t-elle un sexe ? Il faut peut-être poser la question en constatant que l'emploi a chuté de 111 000 chez les adultes de 25 à 54 ans... et que les hommes ont essuyé les deux tiers de ces pertes.

Vers une autre baisse de taux

Benjamin Reitzes, économiste de BMO Marchés des capitaux, conclut qu'il faudra encore un allégement de la politique monétaire pour répondre à cette situation.

«La récession s'est approfondie au début de 2009 et nous verrons probablement le taux de chômage monter au-dessus de 8% d'ici la fin de l'année, écrit-il dans une note aux investisseurs. Ce rapport blême entraînera probablement une baisse de taux par la Banque du Canada.»

Andrew Pyle, conseiller en gestion de patrimoine de ScotiaMcLoad, estime que cela prouve que les données circulent au gouvernement fédéral avant leur sortie.

«Elles ont éclipsé les attentes du marché mais ont été complètement conformes aux commentaires du ministre des Finances Jim Flaherty, qui disait hier que les chiffres seraient regrettables», dit M. Pyle.

«Clairement, ajoute le conseiller, ou bien le marché n'y portait pas trop d'attention ou il n'a pas cru les commentaires du ministre, même si nous avons vu le dollar canadien commencer à glisser lors des premières heures d'échanges en Europe. Depuis le rapport, la devise est tombée pour se trouver sous les 80 cents.»