Une semaine après avoir mis la clé sous la porte de ses sept éditions espagnoles, Metro International a annoncé des résultats préoccupants hier. Au moins, l'éditeur mondial de journaux peut trouver un minimum de réconfort au Canada, où les quotidiens gratuits sont encore en très bonne santé.

Mis sous pression par un marché publicitaire en perte de vitesse, Metro a perdu 9,8 millions d'euros (15,5 millions CAN) au quatrième trimestre de 2008, même si son lectorat global a augmenté de 10% par rapport à l'année précédente.

 

Sur toute l'année 2008, Metro a tout juste retrouvé le chemin des profits avec un bénéfice net de 4,1 millions d'euros.

«Metro n'a pas été immunisé contre le ralentissement économique et nos résultats trimestriels et annuels sont décevants», a affirmé le président et chef de la direction de Metro International, Per Mikael Jensen.

Pour 2009, «la perspective du marché global de la publicité demeure exceptionnellement sombre», avertit le président, qui prévoit une baisse de 20% des ventes globales en janvier.

Beaucoup mieux au Canada

La situation est plus réjouissante au Canada.

Les revenus des sept journaux Metro du pays ont atteint 13,7 millions d'euros au quatrième trimestre. Rapportées en dollars canadiens, les ventes représentent une amélioration de 12%. Pour l'ensemble de l'année, les revenus sont de 24% supérieurs à 2007.

Ces résultats incluent les ventes de l'édition d'Halifax, lancée en février dernier. Ils n'en reflètent pas moins le bond de 26% du lectorat canadien de Metro, l'une des meilleures performances parmi les 20 pays où Metro est actif. Le nombre de Canadiens lisant un journal Metro au pays a franchi le million.

«Je suis vraiment satisfait, a indiqué Per Mikael Jansen à La Presse Affaires. Nous avons d'excellents partenariats, et les résultats sont très bons, tant au Canada anglais qu'au Canada français.»

Au Canada, Metro fait affaire avec des partenaires pour la gestion des journaux. Les résultats de ces «entreprises associées» ne sont pas inclus dans les résultats consolidés de Metro International.

Deux mondes

La fermeture des sept Metro d'Espagne n'effraie pas les quotidiens gratuits canadiens, qui profitent encore d'une croissance de leur lectorat.

«On s'en tire relativement bien, dit l'éditeur de Metro Montréal, Daniel Barbeau. L'automne a été difficile, mais l'hiver se présente nettement mieux.»

Les revenus publicitaires du journal gratuit, dont l'actionnaire de contrôle est Transcontinental, ont augmenté de 9% pour la période de 12 mois qui a pris fin en octobre, indique M. Barbeau.

Quebecor Media, qui publie le 24 heures à Montréal et dans cinq autres villes du pays (celui de Gatineau a été fermé en mai dernier), n'est pas non plus inquiétée par la situation espagnole.

«C'est un média qui est là pour rester, dit Isabelle Dessureault, porte-parole de Quebecor Media. Notre lectorat est en croissance depuis quatre ans.»

Daniel Giroux, secrétaire général du Centre d'études sur les médias de l'Université Laval, note que, dans le secteur des quotidiens gratuits, la concurrence à Montréal et au Canada n'est pas aussi forte qu'en Europe.

En Espagne, il existait quatre groupes de quotidiens gratuits. Quant au lectorat, Metro était cinquième dans un marché où les revenus publicitaires ont reculé d'au moins 35% dans les derniers mois.

De la place au Canada

«Il y a de la place pour deux groupes au Canada, dit Daniel Giroux. Et j'ai l'impression que les deux gratuits de Montréal sont rentables.»

Selon les statistiques 2007-2008 du groupe de recherche NADbank, Metro attire en moyenne 325 000 lecteurs par jour dans la grande région de Montréal. Le 24 heures est lu en moyenne par 210 000 personnes.