Le programme de crédit d'impôt à la rénovation domiciliaire (CIRD), qui vise à inciter les Canadiens à entreprendre des projets de rénovation, laisse plusieurs économistes sceptiques.

Ce n'est pas qu'ils jugent l'idée mauvaise, mais ils ignorent si beaucoup de ménages qui n'avaient pas déjà prévu de rénovations à leur propriété sortiront marteaux et clous en raison du crédit d'impôt.

 

L'économiste en chef de BMO Marchés des capitaux, Sherry Cooper, a ses doutes sur la portée du programme. «Le crédit d'impôt à la rénovation pourrait simplement ramener à la légalité les adeptes du marché noir, croit-elle. Clairement, les ménages avec une faible sécurité d'emploi ne seront pas tentés de rénover pour un crédit d'impôt de 15%.»

Le crédit est valide sur une vaste gamme de rénovations, de la peinture intérieure au resurfaçage de l'allée de voiture. Les dépenses sont admissibles à partir de 1000$, avec un maximum de 10 000$.

Pour Yves St-Maurice, directeur et économiste en chef adjoint chez Desjardins, le programme ne peut pas nuire. «Mais est-ce que ça va vraiment amener du jus à l'économie? demande-t-il. C'est difficile de savoir.»

Douglas Porter, économiste chez BMO Marchés des capitaux, se pose la même question, mais soutient que les résultats pourraient être surprenants.

Ottawa prévoit environ 3 milliards pour le financement du programme. C'est donc dire qu'il anticipe une vingtaine de milliards en dépenses admissibles de la part des Canadiens au cours des 12 prochains mois.

En 2007, la rénovation résidentielle a représenté des dépenses de 19,7 milliards dans les 10 plus grands marchés urbains du pays, selon les plus récentes données de la Société canadienne d'hypothèque et de logement.

On peut en déduire que le gouvernement souhaite que les Canadiens maintiennent tout simplement la cadence.

Pedro Antunes, directeur des prévisions nationales et provinciales au Conference Board, croit néanmoins que le programme pourra changer certaines décisions des Canadiens. «Et chez les gens qui pensaient déjà entreprendre des activités de rénovation, le crédit leur laissera quand même plus d'argent dans leurs poches. Il y a là aussi un effet stimulateur sur l'économie.»