Au lendemain du début du lock-out au Journal de Montréal, un autre conflit de travail menace la rédaction d'un quotidien montréalais.

Des employés du journal The Gazette ont rejeté massivement, hier, la dernière offre patronale. Les rumeurs de lock-out vont bon train.Réunis en assemblée générale, 186 salariés de la rédaction et des services à la clientèle ont voté à 80% contre le nouveau contrat de travail qui leur était proposé. Les salariés ont ainsi suivi le mot d'ordre de leur syndicat. Dès que les premiers résultats ont été divulgués, des cris de joie ont filtré de la salle où s'étaient réunis les salariés à huis clos.

«C'est un message fort que nous envoyons aujourd'hui, qui donne du poids à notre demande de retourner à la table des négociations pour trouver une entente qui répondra à nos demandes», a lancé ensuite le porte-parole Irwin Block.

Sans contrat de travail depuis le mois de juin, les salariés se sont dotés l'automne dernier d'un mandat de grève qui pourra être exercé «au moment jugé opportun». Ce moment est-il arrivé? «Non», a indiqué hier Irwin Block, même si la partie patronale envisage de décréter un lock-out dans les prochains jours. «Ce n'est pas le moment d'une grève ni d'un lock-out compte tenu de la situation du journal.»

Il craint que le journal n'ait pas les reins assez solides pour assumer un arrêt, volontaire ou forcé, et espère que CanWest Global [[|ticker sym='T.CGS'|]] évitera de suivre l'exemple donné samedi par Quebecor [[|ticker sym='T.QBR.B'|]]. Le syndicat a d'ailleurs demandé, hier, la reprise des négociations.

Reste que la situation au Journal de Montréal inquiète les employés du seul quotidien anglophone de Montréal. Plusieurs craignent de goûter à la même médecine. «Mais accepter l'offre de l'employeur nous a semblé plus dangereux que la possibilité de se retrouver en lock-out», a indiqué la journaliste Lynda Gyulai.

«Il y a beaucoup de couples parmi les employés de la rédaction, des gens qui ont des enfants, des hypothèques à payer. Ils ont peur. Mais nous sommes encore plus fiers de défendre nos convictions», a dit hier le chroniqueur James Mennie.

«L'écart entre nos demandes et celles de l'employeur est moins important qu'au Journal de Montréal», a aussi relevé Lynda Gyulai. Une entente est d'ailleurs intervenue avec les 21 employés de la publicité du journal, qui ont accepté à 65% l'offre de l'employeur.

Les dirigeants du quotidien The Gazette doivent se réunir ce matin pour décider des suites à donner aux résultats de la consultation. La possibilité de décréter un lock-out sera considérée, a confirmé à La Presse hier soir le porte-parole patronal Bernard Asselin. Dans ce cas, la publication du quotidien serait assurée par les cadres.

Le principal enjeu du litige avec les employés de la rédaction est le déplacement de certains services à l'extérieur du Québec dans le but de réduire les dépenses de l'entreprise.