Déjà critiquées pour leur compétitivité chancelante, les entreprises canadiennes sont parmi celles qui concrétisent le moins leurs gains de productivité potentiels.

Déjà critiquées pour leur compétitivité chancelante, les entreprises canadiennes sont parmi celles qui concrétisent le moins leurs gains de productivité potentiels.

Selon une enquête menée par la firme britannique Proudfoot Consulting dans 12 pays économiquement avancés ou émergents, à peine plus d'une entreprise canadienne sur 10 réalise des gains de productivité de 15% et plus, soit deux fois moins que la moyenne de l'échantillon.

Plus alarmant peut-être encore, les gestionnaires canadiens sont conscients des forts potentiels qu'ils paraissent résignés à ne pas concrétiser.

Toutefois, précise Proudfoot, «les travailleurs canadiens ont un des plus faibles niveaux de temps improductif parmi les pays étudiés». Bref, si le travail n'est pas optimalisé, les Canadiens perdent peu de temps au boulot.

Elle confirme aussi ce que d'autres études ont documenté: les entreprises d'ici consacrent moins d'efforts que leurs concurrents étrangers à la formation de leur personnel. Les travailleurs canadiens reçoivent en moyenne 8 journées de formation par année, comparativement à 12 pour leurs confrères américains et même 16 pour les Sud-Africains. Seuls les Britanniques ont droit à moins qu'eux.

Les cadres qui reçoivent à peu près le même lot de formation attribuent avant tout cette lacune à la forte rotation du personnel. Cela s'explique bien sûr par le faible taux de chômage, si on compare celui du Canada à ceux de la plupart des 11 autres pays étudiés.

En réalité, l'étude fait aussi ressortir que l'évaluation des besoins de formation préoccupe beaucoup moins les gestionnaires canadiens que leurs concurrents.

Les nôtres sont avant tout préoccupés par les difficultés à recruter et fidéliser du personnel. Parmi leurs autres soucis, on retrouve la réglementation, les problèmes liés aux technologies de l'information, la communication et la motivation des effectifs.

«La quasi-totalité de ces six principaux obstacles est issue de l'interne, notent les analystes de Proudfoot, ce qui suggère que les entreprises canadiennes ont le pouvoir de réduire ou d'éliminer ces freins d'elles-mêmes, sans intervention gouvernementale.»

Autre difficulté notée par l'étude, l'information circule mal au sein des entreprises canadiennes. Proudfoot attribue la lacune à une bureaucratie excessive.

Les cadres se plaignent d'ailleurs d'une surcharge administrative. Seuls ceux du Royaume-Uni et de l'Espagne ont des doléances plus grandes à ce chapitre.

En revanche, les cadres canadiens déplorent moins que la plupart des autres la quantité exigée de rapports administratifs qu'ils jugent inutiles. Ils sont aussi parmi ceux qui remettent le moins en question la qualité de leurs superviseurs.

Pour accroître leur productivité, les entreprises canadiennes peuvent compter sur un atout enviable. C'est ici où la résistance au changement paraît le moins poser problème. C'est aussi au Canada où la direction générale se prête le mieux à la mise en oeuvre de programmes de changement, tout juste toutefois après la Chine.

En revanche, les cadres canadiens s'inquiètent moins de la résistance au changement de leur personnel que de leur incapacité à le mener à terme. Ils demeurent malgré tout parmi les moins inquiets.

Cela illustre bien qu'un peu plus de formation ne ferait pas de tort.

L'enquête a été menée auprès de 1276 cadres intermédiaires d'entreprises au chiffre d'affaires de 100 millions et plus d'Allemagne, d'Afrique du Sud, d'Australie, du Brésil, du Canada, de Chine, d'Espagne, des États-Unis, de France, d'Inde, du Royaume-Uni et de la Russie.