Mieux vaut tard que jamais! Après 17 mois de crise et de tractations coûteuses, le plan de restructuration des 32 milliards de dollars en papier commercial adossé (PCAA) a finalement obtenu le feu vert de la justice.

Mieux vaut tard que jamais! Après 17 mois de crise et de tractations coûteuses, le plan de restructuration des 32 milliards de dollars en papier commercial adossé (PCAA) a finalement obtenu le feu vert de la justice.

Et cette approbation juridique rendue hier par un juge torontois, non sans tractations ultimes jusqu'à la toute veille de Noël, ouvre la voie au dénouement final du pire feuilleton financier de l'histoire du Canada.

En particulier pour les plus importantes institutions financières québécoises qui, combinées, détiennent un peu plus de la moitié de cette masse de PCAA viciés depuis les premiers remous de la crise financière, en août 2007.

La Caisse de dépôt et placement, la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins ont aussi été aux premières loges de la restructuration, comme membres du comité Crawford dirigé par l'avocat d'affaires torontois Purdy Crawford.

Par ailleurs, plusieurs entreprises québécoises connues, dont le voyagiste Transat AT et le détaillant Jean Coutu, font partie des principaux investisseurs d'affaires encore aux prises avec des dizaines de millions en PCAA viciés.

«Personne ne pouvait prévoir l'étendue et la portée des défis qui nous attendaient en cours de route», a indiqué hier M. Crawford après la décision du juge Colin Campbell.

N'empêche, le boulot du Comité Crawford n'est pas terminé.

Car les détenteurs de PCAA veulent obtenir le plus rapidement possible les centaines de millions de dollars en intérêts accumulés sur leurs titres depuis 17 mois.

Et auparavant, les nombreux intervenants de cette restructuration doivent apposer leurs signatures sur une masse de 40 000 documents.

Ça a lieu d'ici vendredi dans un étage complet d'un immeuble de bureaux du centre-ville de Toronto, loué temporairement pour l'occasion.

Quant au paiement des arriérés d'intérêts, il doit commencer la semaine prochaine. Il est prévu en deux étapes.

La première couvre les 12 mois entre août 2007 et 2008. La seconde étape, pour les intérêts encourus depuis septembre 2008, est prévue dans quelques semaines.

En tout, c'est plus de 1 milliard 200 millions en intérêts encourus qui seraient versés, mais après en avoir soustrait les frais professionnels liés à la restructuration.

Cette facture sera d'au moins 200 millions, selon la plus récente évaluation du contrôleur de la restructuration.

Ensuite, la restructuration du PCAA comprend sa conversion de titres à très court terme en nouveaux billets à échéance de sept à neuf ans.

En théorie, ces billets seront négociables par leurs détenteurs. Mais en pratique, la mise sur pied d'un tel marché pourrait prendre un certain temps.

«Il faudra plusieurs semaines sinon quelques mois pour que les intervenants financiers se familiarisent avec ces nouveaux billets, d'autant que leur contenu sera beaucoup plus accessible qu'auparavant», a indiqué Brian Davis, vice-président principal, développement et gouvernance, de la Financière Banque Nationale.

«La principale leçon de tout ce feuilleton pour la communauté financière, c'est qu'il doit y avoir plus de transparence sur le contenu de titres d'investissement comme les PCAA. On ne peut pas se fier seulement à l'opinion des agences de notation de crédit.»

La Banque Nationale [[|ticker sym='T.NA'|]] et sa filiale boursière avaient été montrées du doigt à quelques reprises durant ce feuilleton comme principaux revendeurs de PCAA parmi les entreprises québécoises, qui y avaient placé des liquidités importantes.

La banque a dû leur proposer un programme spécifique de soutien financier intérimaire, qui durera encore au moins deux ans.

En contrepartie, la Nationale a subi une dépréciation nette d'au moins 561 millions (après impôt) sur les 2,2 milliards en PCAA viciés qu'elle a rachetés des fonds et des comptes de ses clients particuliers.