Le financier américain Bernard Madoff, soupçonné d'être à l'origine d'une énorme fraude de 50 milliards de dollars, a échappé à la prison lundi dans l'attente de son procès, mais la justice a renforcé les termes de son assignation à résidence.

Le financier américain Bernard Madoff, soupçonné d'être à l'origine d'une énorme fraude de 50 milliards de dollars, a échappé à la prison lundi dans l'attente de son procès, mais la justice a renforcé les termes de son assignation à résidence.

Le parquet souhaitait l'incarcération du financier, qui, depuis l'éclatement du scandale il y a un mois, vit en liberté surveillée dans son luxueux appartement de Manhattan. Le procureur estimait que le suspect avait contrevenu aux conditions de sa liberté sous caution.

Mais le juge fédéral Ronald Ellis a rejeté cette demande, tout en ordonnant un inventaire détaillé des objets de valeur détenus par Bernard Madoff. Il lui a interdit en outre tout transfert d'actifs, selon le texte de la décision, publié sur le site internet du tribunal fédéral de New York.

Bernard Madoff, 70 ans, a été arrêté le 11 décembre après avoir reconnu qu'il avait mis en place un fonds d'investissement frauduleux dans lequel la rémunération versée aux clients était payée par les apports de nouveaux investisseurs. Il a été immédiatement assigné à résidence après versement d'une caution de 10 millions de dollars.

Alors que cette caution est garantie entre autres par la valeur de son appartement et de ses biens, la justice a découvert que M. Madoff et son épouse Ruth avaient envoyé des montres, bijoux et autres objets de valeur atteignant un million de dollars à leurs fils, au frère de Madoff et à un couple en Floride. Plusieurs chèques pour un montant total de 173 millions de dollars ont été en outre trouvés par les enquêteurs dans son bureau.

Son avocat a fait valoir que son client n'allait pas prendre la fuite avant son procès et qu'il ne posait aucun danger à la société. Bernard Madoff porte un bracelet électronique, son passeport a été confisqué et son appartement est sous surveillance permanente.

Le juge a ordonné au financier déchu de faire «un inventaire de tous les objets de valeur qui se trouvent dans son logement de Manhattan», précisant que cet inventaire sera vérifié toutes les deux semaines. Les autorités vérifieront aussi le contenu du courrier posté par M. Madoff «pour s'assurer qu'aucun bien n'est transféré».

Bernard Madoff n'a toujours pas été inculpé et a avoué de lui-même lors de son arrestation que son fonds avait perdu quelque 50 milliards de dollars.

Selon des experts juridiques, le juge tente d'obtenir que Madoff coopère à l'enquête, ce qui expliquerait son maintien en semi-liberté, malgré la vindicte de l'opinion publique.

«Enfermez-le et jetez la clé», lançait ainsi lundi le quotidien populaire new-yorkais Daily News, tandis que la chaîne de télévision CNBC appelait à l'envoyer au centre de détention de Guantanamo.

«Mettez-le en prison! Ce gars-là doit être mis en prison!», lançait un automobiliste passant en voiture devant la horde de journalistes au pied de l'immeuble de Madoff à Manhattan.

Nombre des victimes du financier déchu -- universités, banques, investisseurs privés, organisations de charité -- réclament aussi sa mise en détention.

Bernard Madoff a toujours affirmé avoir agi seul, mais la justice se demande comment ses parents ou collaborateurs les plus proches ont pu ignorer ses agissements.

Samedi, le quotidien Wall Street Journal a rapporté que la justice s'intéressait aussi à son frère, «en tant que numéro deux de la hiérarchie de la société Bernard Madoff Investment Securities».

Rien n'indique cependant que Peter Madoff, 63 ans, avait connaissance des faits reprochés à son frère ou qu'il en ait été complice, précise le journal.