Le calvaire boursier des banques britanniques s'est poursuivi cette semaine malgré le lancement d'un second plan de sauvetage.

Le calvaire boursier des banques britanniques s'est poursuivi cette semaine malgré le lancement d'un second plan de sauvetage.

Les investisseurs craignent des pertes massives à l'image de celles anticipées par Royal Bank of Scotland et redoutant de nouvelles nationalisations.

Après une semaine précédente déjà éprouvante pour les établissements de la City, notamment HSBC, victime de craintes de lourdes pertes, lundi a été marqué par l'annonce d'un deuxième plan de soutien gouvernemental au secteur.

Après celle d'octobre consistant à recapitaliser les banques, la nouvelle solution concoctée par le premier ministre Gordon Brown et son chancelier Alistair Darling pour ressusciter un marché du crédit désespérément bloqué, consiste, plutôt qu'à racheter les actifs «toxiques» des banques, à assurer le risque de pertes qu'ils leur font encourir.

De plus, cette mesure s'accompagne d'un dispositif ouvrant la voie à l'adoption par la Banque d'Angleterre d'une politique monétaire d'«assouplissement quantitatif», consistant à abreuver l'économie de liquidités.

Mais ces annonces, peu détaillées selon les économistes, ont été éclipsées en Bourse par la révélation par la Royal Bank of Scotland qu'elle s'attendait à une perte annuelle monumentale (jusqu'à 31 milliards d'euros), en raison surtout de dépréciations géantes liées à l'acquisition ruineuse d'ABN Amro.

De plus, pour soutenir la vénérable banque d'Édimbourg, née en 1727, le gouvernement a accepté de monter de près de 60% de son capital à 70%, faisant craindre qu'il ne finisse tôt ou tard par en prendre le contrôle à 100%.

Résultat, le cours de la banque a fondu des deux tiers lundi.

Et RBS a déclenché une onde de choc, faisant chuter le cours de la plupart des autres banques, dont Lloyds Banking Group, colosse aux pieds d'argile né du rachat de HBOS par sa rivale Lloyds TSB.

La nouvelle banque, victime de son exposition au marché immobilier britannique, et déjà détenue à 43,4% par l'État, a ainsi perdu le tiers de sa valeur lundi, à son premier jour de cotation, et encore 30% les jours suivant, de nombreux investisseurs voyant en elle une candidate également toute désignée pour une nationalisation à 100%.

Et Barclays a connu un sort identique, perdant plus de la moitié de sa valeur sur la semaine.

John Varley, patron de cette banque très présente sur les marchés financiers, et qui a repris l'an dernier les activités nord-américaines de Lehman, a tenté de rassurer en promettant que ses bénéfices 2008 seraient en augmentation, mais sans faire taire les craintes d'un nouvel appel de fonds.

Par ailleurs, il est apparu que l'État, auquel Barclays a pour l'instant refusé de faire appel, ne pourrait pas lui apporter de capitaux jusqu'à la fin de juin, selon une clause contenue dans sa précédente augmentation de capital réalisée auprès d'investisseurs du Golfe.

Ces chutes ont pu être amplifiées, malgré les dénégations du gendarme britannique des marchés, la FSA, par le retour vendredi dernier des ventes à découvert sur les valeurs bancaires, interdites depuis la mi-septembre.

Cette technique consiste à parier sur la chute d'un titre, et peut rapporter très gros. À en croire le Times, le fonds spéculatif Lansdowne Partners a ainsi gagné plus de 12 millions d'euros en quatre jours en vendant des actions Barclays à découvert.

La FSA, qui peut réinterdire la vente à découvert à tout moment, s'en est gardée jusqu'ici, et son président Adair Turner a préféré mercredi taper sur les risques inconsidérés pris par les banquiers ces dernières années.