Après avoir obtenu des dirigeants des banques qu'ils renoncent à leurs bonus, le gouvernement français met maintenant la pression sur les constructeurs automobiles, conditionnant son aide à l'abandon de ces juteuses rémunérations particulièrement mal perçues dans l'opinion en temps de crise.

Après avoir obtenu des dirigeants des banques qu'ils renoncent à leurs bonus, le gouvernement français met maintenant la pression sur les constructeurs automobiles, conditionnant son aide à l'abandon de ces juteuses rémunérations particulièrement mal perçues dans l'opinion en temps de crise.

Au pied du mur, les principales banques françaises ont cédé mardi à l'injonction du président Nicolas Sarkozy de renoncer à leurs bonus pour pouvoir bénéficier d'une nouvelle aide publique de 10,5 milliards d'euros (17,2 G$ CA)*.

Le chef de l'Etat avait annoncé la semaine dernière son intention d'en finir avec ces «pratiques qui ont suscité à raison l'indignation des Français», en référence aux rémunérations avantageuses versées dans le passé et régulièrement sujettes à polémique.

Le gouvernement attend désormais que les constructeurs automobiles, qui vont être à leur tour placés sous perfusion, prennent des engagements similaires.

En échange d'une enveloppe de 5 à 6 milliards d'euros promises mardi pour couvrir leurs besoins de trésorerie à court terme, les dirigeants et actionnaires de Renault et Peugeot devront renoncer à leurs bonus et dividendes, a-t-il ainsi averti.

Mercredi matin, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a enfoncé le clou, jugeant «insensé» qu'avec le soutien financier de l'Etat, «c'est-à-dire l'argent des Français», les patrons des groupes automobiles puissent se verser des «super bonus».

«Je pense qu'ils auront un sens suffisant de leurs responsabilités pour prendre eux-mêmes ces mesures», a-t-elle ajouté sur RTL.

Chez PSA Peugeot Citroën, on souligne qu'il n'est pas exclu que les bonus soient supprimés cette année. La décision reviendra au conseil de surveillance et au comité de rémunération, après présentation des résultats du groupe en février, précise-t-on.

Quant à la question du versement ou non de dividendes, le président du groupe, Christian Streiff a estimé mardi que «l'Etat ne doit pas se substituer au management de l'entreprise, ni à ses actionnaires. C'est à eux qu'il appartient de trouver les meilleurs équilibres entre besoin de financement, rémunération en capital et attente des marchés».

En 2007, M. Streiff avait touché un bonus de 995 000 euros, pour une rémunération totale de 1,9 million.

Chez Renault, dont l'Etat détient encore 15%, on indique que les cadres dirigeants n'auront pas de bonus cette année, sans toutefois se prononcer sur le cas du président Carlos Ghosn. L'an dernier, le patron du groupe avait encaissé un bonus de 1,392 million d'euros.

«La question du dividende sera discuté en conseil d'administration après la présentation des résultats annuels en février et sera soumis à la volonté de l'Assemblée générale», ajoute-t-on.

Mercredi, Christine Lagarde s'est félicitée du fait que les dirigeants des banques aient d'ores et déjà répondu au souhait du gouvernement.

«On leur a demandé de renoncer à leur bonus ce qui nous paraissait parfaitement légitime dans une période où d'autres souffrent», a dit la ministre.

Face à l'opposition qui l'accuse d'avoir oublié le pouvoir d'achat des Français dans son plan de relance et d'avoir fait des cadeaux aux banquiers, le gouvernement martèle que le soutien de l'Etat est assorti de contreparties.

Lors du versement de la première tranche de 10,5 milliards d'euros en décembre, les banques s'étaient notamment engagées à augmenter le montant de leur crédit de 3 à 4% en 2009 pour financer les ménages et les entreprises.

Mardi, le Premier ministre François Fillon a aussi prévenu que l'Etat ne viendrait pas en aide à un constructeur automobile qui déciderait de fermer un site de production en France.

* Un euro = 1,6404 $ CA