PainCeptor, entreprise biopharmaceutique de Montréal, est engagée dans une course contre la montre pour trouver du financement et tirer profit d'un médicament expérimental inédit contre la douleur.

PainCeptor, entreprise biopharmaceutique de Montréal, est engagée dans une course contre la montre pour trouver du financement et tirer profit d'un médicament expérimental inédit contre la douleur.

Obligée de se refinancer en pleine crise financière mondiale, en 2008, PainCeptor n'a pu attirer de nouveaux investisseurs. Elle a amputé 30 de ses 36 chercheurs et employés avant Noël. Et ce, après avoir dépensé près de 47 millions de dollars depuis 2004 pour développer trois médicaments expérimentaux contre la douleur chronique et aiguë. Il lui reste juste assez d'argent pour tenir jusqu'à l'automne, avec des dépenses coupées au minimum, a dit son président et fondateur, Louis Lamontagne.

PainCeptor a quelques mois pour trouver plus d'argent ou elle risque la fermeture ou une vente de feu.

«Les temps sont très durs, financièrement, mais les nouvelles sont bonnes du côté scientifique et les résultats cliniques de notre premier médicament sont assez remarquables», a dit le Dr Louis Lamontagne, qui affiche de l'optimisme malgré les difficultés.

«Nous avons fait une étude exploratoire qui montre que notre technologie est robuste et qu'elle a un effet contre la douleur.» Selon M. Lamontagne, les résultats de l'étude sur le médicament «PPC-5650 ASIC1a» ont été accueillis avec grand intérêt lorsque présentés en novembre 2008 à un important congrès médical.

«C'est une petite étude, sur seulement 15 volontaires, mais le médicament a été efficace chez les 15 patients, avec des doses très basses. Par ailleurs, c'est une classe de médicament nouvelle, faite pour traiter localement les douleurs inflammatoires et neuropathiques. Le médicament n'a pas besoin d'atteindre le cerveau, ce qui réduit beaucoup la problématique des effets secondaires néfastes.»

Il nie les rumeurs de fermeture: «Quand on fait des mises à pied, les gens s'imaginent le pire. Mais quand la technologie va bien et qu'on a des produits au stade où sont les nôtres, ce serait fâcheux de fermer. La situation économique est dure, mais on a déjà vu ça et on est passé au travers.»

La recherche pharmaceutique est chère et PainCeptor ne fait pas exception: des investisseurs y ont mis 47,7 millions depuis 2004, dont 24,7 millions en 2007. M. Lamontagne, malgré le contexte difficile et sa mauvaise position de négociation, continue d'espérer un petit financement en 2009. Beaucoup a été fait avec l'argent dépensé et «5 ou 6 millions» suffiraient à conduire le PPC-5650 ASIC1a au début d'une étude de phase III (la dernière avant l'autorisation de commercialiser), dit-il. Et deux autres analgésiques expérimentaux sont assez avancés pour être testés chez l'humain.

Comme autres sources de financement, M. Lamontagne compte sur des négociations qui durent depuis de longs mois avec des firmes pharmaceutiques. Selon deux sources, une des entreprises est la multinationale anglo-suédoise AstraZeneca, qui a un important centre de recherche sur la douleur à Montréal.

M. Lamontagne espère signer une entente de codéveloppement par laquelle une éventuelle partenaire financerait les essais cliniques en échange d'une partie des droits de commercialisation.

«Les petites firmes biopharmaceutiques du Québec ont beaucoup de difficultés à se refinancer ces jours-ci», a dit Bernard Coupal, président de la firme de capitalrisque T2C2, de Montréal, qui est actionnaire de PainCeptor. «Développer des médicaments est très long et les investisseurs sont un peu désabusés.»

Les échecs en 2008 de deux biotechs montréalaises n'ont pas aidé non plus, note-t-il. Neurochem (Alzheimer) et Targenta Therapeutics (antibiotiques) ont essuyé de la part des autorités pharmaceutiques américaines des refus de commercialiser leurs médicaments PainCeptor a des chances de se refinancer, dit M. Coupal, qui ajoute qu'un échec maintenant mettrait la firme «en danger ».