Économiste de droite, texan et républicain, Michael W. Brandl a le profil parfait d'un partisan de George W. Bush - il a d'ailleurs voté pour lui à deux reprises. Pourtant, le professeur à l'Université du Texas ne mâche pas ses mots quand vient le temps d'évaluer le bilan économique du président Bush.

Économiste de droite, texan et républicain, Michael W. Brandl a le profil parfait d'un partisan de George W. Bush - il a d'ailleurs voté pour lui à deux reprises. Pourtant, le professeur à l'Université du Texas ne mâche pas ses mots quand vient le temps d'évaluer le bilan économique du président Bush.

«Je suis très déçu par sa présidence. Bush est le pire président au plan économique depuis Jimmy Carter. Il n'a pas fait grand-chose pour régler les problèmes à long terme de l'économie américaine et il est en partie responsable de l'échec de la ronde de Doha sur le libre-échange mondial», dit le professeur d'économie à l'Université du Texas à Austin.

Michael Brandl était en faveur des baisses d'impôt de George W. Bush en 2001. Le problème, c'est que la politique économique de l'administration Bush se résumait à ces baisses d'impôt, explique-t-il.

D'autres enjeux

«C'est bien d'avoir des impôts moins élevés, mais il y avait beaucoup d'autres enjeux, dit-il. Or, ce fut la seule réponse de Bush.»

Malgré sa déception, Michael Brandl n'est pas prêt à accuser l'administration Bush de tous les maux dont souffre actuellement l'économie américaine. «Quand il y a de graves problèmes, les gens essaient de désigner un coupable, dit-il. C'est trop simple de jeter tout le blâme sur l'administration Bush. La réalité est plus complexe.»

L'économiste québécois Thomas Lemieux est du même avis. Selon lui, George W. Bush est surtout responsable de la précarité actuelle des finances publiques. Durant son règne, la dette fédérale est passée de 5700 à 10 600 milliards. «Le président Bush a réussi à augmenter le déficit et la dette durant une période de prospérité économique, dit le professeur à l'Université de la Colombie-Britannique. Or, quand l'économie va bien, l'État est censé faire des surplus.»

Difficile à suivre

Une autre critique qu'adressent les économistes à George W. Bush? Le président républicain a été particulièrement difficile à suivre.

Au début de son mandat, il a accordé de généreuses baisses d'impôt à ses concitoyens au nom des principes économiques sacrés de la droite américaine.

En fin de mandat, il a orchestré deux plans de sauvetage - Wall Street et l'industrie automobile - parmi les plus coûteux de l'histoire du pays, des décisions qui ont plu à la gauche et mis la droite en colère.

«Nous avons cru découvrir un nouveau Bush avec les plans de sauvetage mais, au fond, il opère toujours de la même façon: il s'entoure de conseillers en qui il a confiance et il n'écoute qu'eux», dit Michael W. Brandl.

«Il s'est tourné vers Henry Paulson, l'ancien PDG de Goldman Sachs, qui lui disait qu'il fallait sauver Wall Street à tout prix. Nous avons les résultats que donne ce type de gestion.»

Un point positif: la Fed

Nommer une bonne décision économique de George W. Bush? Michael W. Brandl réfléchit pendant plusieurs secondes. Après quelques essais infructueux, il trouve finalement la réponse qu'il cherchait.

«Au moins, Bush a laissé la Réserve fédérale tranquille, dit le professeur d'économie à l'Université du Texas. Il n'a pas tenté de politiser la Fed, comme l'avaient fait Nixon et d'autres présidents avant lui. Avec sa tendance à tout régenter, Bush aurait pu s'en prendre à la Fed. Surtout que son propre père (George H. Bush) blâme toujours la Fed et son président de l'époque, Alan Greenspan, pour sa défaite contre Bill Clinton en 1992!»