Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a un remède en tête pour atténuer les effets de la crise économique mondiale: le libre-échange.

Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a un remède en tête pour atténuer les effets de la crise économique mondiale: le libre-échange.

M. Day prend d'ailleurs le bâton de pèlerin aujourd'hui pour convaincre les dirigeants de l'Union européenne d'accélérer les négociations avec le Canada afin de conclure un nouveau traité de libre-échange.

Le ministre se rend donc à Prague afin de rencontrer le premier ministre tchèque Mirek Topolanek, qui assume la présidence de l'Union européenne depuis le 1er janvier, afin de donner une solide impulsion aux pourparlers informels entre le Canada et l'UE entrepris il y a plusieurs mois.

Dans une entrevue accordée à La Presse hier quelques heures avant son départ, M. Day s'est dit optimiste de conclure éventuellement un partenariat économique avec l'UE, qui compte en tout 27 membres.

Ayant en main les conclusions d'une étude menée l'an dernier sur les retombées d'un accord, M. Day a fait valoir que les échanges commerciaux entre le Canada et l'UE augmenteraient d'au moins 12 milliards de dollars au cours des cinq premières années d'un accord commercial, soit une augmentation de près de 10%.

À l'heure actuelle, l'UE est le deuxième partenaire commercial en importance du Canada après les États-Unis. En 2007, le commerce bilatéral de biens et de services s'est élevé à 109,4 milliards de dollars entre le Canada et l'UE, selon les chiffres fournis par le ministère du Commerce international.

Qui plus est, l'UE est le deuxième investisseur en importance du Canada, toujours après les États-Unis. Elle effectue plus du quart de tout l'investissement étranger direct au Canada.

Aux yeux de Stockwell Day, il ne fait aucun doute qu'un traité de libre-échange entre le Canada et l'UE serait fort profitable aux deux partenaires. Et c'est le message qu'il entend marteler tout au cours de sa visite de quelque 24 heures à Prague.

Plusieurs rencontres

Durant sa visite, M. Day rencontrera également le vice-premier ministre tchèque responsable des affaires européennes, Alexander Vondra, et visitera une entreprise canadienne brassant des affaires à Prague, Adastra, une compagnie de production de logiciels informatiques.

M. Day quitte la capitale tchèque demain pour se rendre en Inde, pour discuter également de commerce avec le premier ministre Manmohan Singh. Le ministre sera en Inde du 18 au 23 janvier.

«Je veux contribuer à renforcer la relation entre le Canada et la République tchèque, mais aussi avec l'Union européenne. Nous voulons préparer le terrain pour signer un accord commercial complet éventuellement. C'est un marché important», a affirmé hier M. Day.

Ce voyage permettra donc à M. Day de lancer de manière formelle les discussions de libre-échange à un niveau politique, étape essentielle avant d'entamer des négociations en bonne et due forme.

«Je veux signifier qu'il est important de lancer les négociations avec les fonctionnaires et d'établir les paramètres des négociations d'ici le printemps. (...) La République tchèque partage notre vision du libre-échange et j'ai bon espoir que nous pouvons avoir des discussions fructueuses», a ajouté le ministre.

Apprendre de l'Histoire

En entrevue, M. Day dit espérer que les pays du globe ne répéteront pas l'erreur du passé en sombrant dans le protectionnisme en ces temps de récession mondiale. Le ministre a fait valoir que c'est justement des politiques de protectionnisme adoptées dans les années 1920, soi-disant pour protéger des emplois, qui ont conduit à la Grande Dépression des années 1930.

«C'est toujours une menace. Mais je pense que l'on peut tirer profit de la crise globale. Si on veut protéger les industries, si on veut protéger les emplois, il est important de créer des occasions d'affaires, de conquérir de nouveaux marchés pour vendre des produits et des services dans un climat plus ouvert. J'espère que nous avons appris des leçons de la Grande Dépression», a dit le ministre du Commerce.

M. Day a souligné que les pays membres du G20 ont convenu en novembre dernier à Washington de travailler de concert pour lutter contre les politiques protectionnistes.

Cette visite à Prague du ministre Day devrait être bien perçue par le gouvernement Charest, en particulier par le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, qui plaide depuis des mois pour que le Canada négocie un accord de libre-échange avec l'UE.

M. Day compte s'entretenir aujourd'hui, avant son départ, avec M. Bachand, si son horaire le permet. Il a aussi l'intention de l'informer de vive voix des résultats de son voyage après son retour au pays le 25 janvier.