L'action de Citigroup (C) est tombée mardi sous son plus bas touché au pire de la crise de l'automne, en dépit des 45 G$ US reçus dans l'intervalle de l'État, relançant les spéculations sur une possible nationalisation de l'ancien numéro un mondial de la finance.

L'action de Citigroup [[|ticker sym='C'|]] est tombée mardi sous son plus bas touché au pire de la crise de l'automne, en dépit des 45 G$ US reçus dans l'intervalle de l'État, relançant les spéculations sur une possible nationalisation de l'ancien numéro un mondial de la finance.

À la mi-journée, la banque américain ne valait plus qu'un peu plus de 17 G$ US en Bourse, son action chutant d'environ 10% par rapport à son cours de clôture de vendredi soir. En séance, le titre était tombé à 3,02 dollars, sous les 3,05 atteints lors des convulsions de novembre.

Citigroup s'apparente aujourd'hui à un trou noir: la banque ne vaut qu'un quart des apports de fonds dont elle a bénéficié depuis un an: 22 G$ US venus essentiellement de fonds souverains du Moyen-Orient et d'Asie fin 2007 et début 2008 et 45 G$ US du Trésor à l'automne.

Et malgré ces recapitalisations successives, la banque a encore publié vendredi un résultat net négatif de 8,29 G$ US pour les trois derniers mois de l'année 2008 (son cinquième trimestre de suite dans le rouge) faisant monter sa perte nette annuelle à 18,72 G$ US.

Citigroup a pu être ainsi secourue car jugée «trop grosse pour pouvoir faire faillite» sans entraîner avec elle tout le système financier. La question se pose désormais de savoir quelle sera la prochaine étape.

Le quotidien New York Times relevait récemment que les autorités, dans leur soutien apporté aux banques, s'étaient efforcées d'éviter ce qui s'apparente à une nationalisation, en ne souscrivant que des titres sans droit de vote et sans demander de représentation à la direction. Mais elles «ne pourront plus se permettre ce luxe très longtemps», «surtout dans le cas de Citigroup».

Depuis, le groupe bancaire a renoncé à son ambition fondatrice de devenir le premier «supermarché de la finance» mondiale, et a annoncé qu'il allait se réorganiser sous la forme de deux entités autonomes dont l'une, qui isolera ses actifs à risque, aura pour vocation d'être progressivement vendue.

Mais la question de sa nationalisation reste posée, même si, selon Marc Pado, analyste de Cantor Fitzgerald, le prix de l'action de Citigroup «ne reflète pas précisément la valeur de ses actifs sous-jacents».

Sans remonter jusqu'aux années 1930, les États-Unis ont déjà procédé à des nationalisations de banques notamment au tournant des années 1980 lors de la grande crise des caisses d'épargne et en 2008 avec le placement de la banque IndyMac sous la tutelle des autorités fédérales.

Dans le cas de Citigroup, la nationalisation est déjà rendue techniquement possible par le fait que l'État est déjà entré au capital de la banque en échange de son aide et qu'il a reçu des bons de souscriptions d'actions lui permettant de monter encore au capital.

Tant qu'il faudra renflouer la banque, l'État augmentera sa part.

Pour Peter Schiff, analyste d Euro Pacific Capital, «toutes les banques [qui reçoivent l'aide du gouvernement] sont déjà en train d'être nationalisées».

«Chaque fois que le gouvernement injecte des fonds, il achète des actions, et à la fin, c'est lui qui possède l'entreprise», a-t-il dit à l'AFP.

Pour Citigroup, comme pour nombre d'autres banques, les pertes sont telles que «les actionnaires seront finalement balayés» par l'État.

«La seule différence [avec une nationalisation 'classique'] est que l'État se débarrasse des actionnaires lentement» au lieu de le faire d'un seul coup, estime-t-il, jugeant que le nouveau président américain Barack Obama continuera sur ce point dans la droite ligne de ce qu'a fait le gouvernement de son prédécesseur.