Des téléviseurs branchés aux téléphones intelligents, le Consumer Electronics Show a été marqué par des nouveautés qui font de plus en plus de place au contenu vidéo tiré d'Internet.

Des téléviseurs branchés aux téléphones intelligents, le Consumer Electronics Show a été marqué par des nouveautés qui font de plus en plus de place au contenu vidéo tiré d'Internet.

Cette tendance pourrait avoir un impact significatif sur l'industrie naissante de la webdiffusion, puisqu'elle ouvre toute grande la porte du salon de millions de téléspectateurs.

La semaine dernière, presque tous les géants de l'électronique ont annoncé de nouvelles dispositions facilitant l'affichage sur téléviseur ou sur téléphone de contenu vidéo tiré d'Internet. Pour certains, de Sony à Samsung, en passant par Microsoft et Yahoo!, c'est une façon de démarquer leurs produits, dans un marché où tous les appareils et tous les sites Web se ressemblent. Pour d'autres, c'est un peu plus que ça.

Toshiba, par exemple, a souffert de la guerre entre sa technologie DVD-HD et le Blu-ray, de Sony, l'an dernier. La société japonaise s'est ravisée et fait dorénavant du contenu Internet son principal cheval de bataille. «Désormais, nous comptons miser sur Internet pour offrir tout le contenu de divertissement que les consommateurs désirent», explique Akio Osaka, président de la division nord-américaine de l'entreprise.

Même son de cloche du côté de Cisco: pour contrer la morosité dans le marché interentreprises, le géant des communications fait du consommateur sa nouvelle cible de choix. L'entreprise n'hésitera pas à acquérir de petites entreprises prometteuses pour arriver à ses fins: relier ses 168 millions de clients actuels à n'importe quel contenu vidéo qui sera tout simplement disponible sur Internet.

«Nous pensons que c'est la prochaine grande tendance», explique M. Chambers. «Une communauté de gens qui accède à du contenu partagé en ligne, peu importe l'appareil utilisé (télé, PC ou sans-fil).»

Cibler le «couch potato»

Comme la plupart des sites web et des autres médias basés sur Internet, les Web télés subsistent avant tout grâce à la publicité ou, dans certains cas, aux abonnements qu'elles génèrent. Plus de visibilité signifie donc plus de potentiel de revenus, ce que les producteurs de contenu vidéo n'ont pas manqué de noter. Les géants de l'électronique non plus. Selon les prévisions, le marché nord-américain de la vidéo sur Internet pourrait valoir plus de sept milliards de dollars US, l'an prochain, en Amérique du Nord.

Tous veulent évidemment leur part du gâteau. «Le rapprochement entre le web et la télé, c'est le sujet de l'heure», constate Laurent Maisonnave, cofondateur de VidéoPresse et lui-même créateur de contenu vidéo sur Internet. «C'est une vitrine de plus pour aller chercher de l'argent.»

Au Québec, les séries de Web télé comme Chez Jules ou Le cas Roberge font leurs frais et, dans le meilleur des cas, un léger profit. Cette nouvelle vitrine est une belle occasion pour elles de percer le marché grand public et, ainsi, d'aller chercher de plus grands revenus publicitaires. «La télé nous amène à un clic du «couch potato», ce qui fait cruellement défaut aux productions Web d'ici», résume Martin Lessard, formateur à l'Institut national de l'image et du son (INIS) et consultant en stratégie Web télé. «Pour que la Web télé marche, ça prend une masse critique et la télé leur procurerait cette masse critique là.»

Une fois sur le téléviseur, les Web télés québécoises pourraient profiter de la fameuse exception culturelle de la belle province pour se tailler un auditoire fidèle et régulier, estiment à la fois MM. Lessard et Maisonnave. «On a déjà l'avantage culturel: les séries qui collent à la culture québécoise vont davantage intéresser les téléspectateurs d'ici que les séries étrangères», conclut Laurent Maisonnave. «On a les outils pour diffuser et pour faire monter l'auditoire. Il faut maintenant qu'on collabore pour attirer plus de publicitaires.»