Le surplus commercial du Canada fond comme neige au soleil à cause de la plongée en piqué du prix des produits énergétiques et de base qui reflète la récession mondiale.

Le surplus commercial du Canada fond comme neige au soleil à cause de la plongée en piqué du prix des produits énergétiques et de base qui reflète la récession mondiale.

D'octobre à novembre, il est passé de 2,3 à 1,3 milliard seulement. Il s'agit de l'excédent le plus faible depuis octobre 1997, selon les données de Statistique Canada.

Pour le quatrième mois d'affilée, la valeur des exportations a reculé, de 6,8% cette fois-ci, soit davantage que le repli de 4,8% des importations. Bref, le commerce international a diminué dans les deux sens, ce qui reflète le piètre état de l'économie partout dans le monde.

La baisse du surplus reste avant tout d'une histoire d'énergie. La valeur des livraisons à l'étranger de produits énergétiques a plongé de 19,4%. Le prix du pétrole explique surtout cette chute. En juillet, quand le baril de brut se vendait au-dessus des 140$US, le surplus énergétique avait culminé à 7,5 milliards. Il s'élève maintenant à 4,7 milliards.

Si on exclut les produits énergétiques, on constate que le Canada enregistre un déficit commercial depuis l'été 2007. En novembre dernier, il a dépassé les 3 milliards, ce qui représente un creux historique.

Les exportations d'autos pâtissent toujours de la faible demande américaine. «De janvier à novembre, le déficit du secteur automobile s'élève à 19,6 milliards alors qu'il atteignait seulement 2,4 milliards, au cours des 11 premiers mois de 2007», fait remarquer Krishen Rangasamy, économiste chez CIBC marchés mondiaux.

Comme l'or noir canadien prend la direction des États-Unis quand il n'est pas consommé chez nous, le surplus commercial avec nos voisins du Sud a chuté à 4,5 milliards, son niveau le plus faible depuis mai 1999.

«Depuis la faillite de Lehman (en septembre), il y a beaucoup plus de bateaux qui restent au port, plus d'avions qui demeurent cloués au sol et moins de camions qui roulent sur les routes du Canada, des États-Unis et de tous les autres pays dans le monde», résume Sébastien Lavoie, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne.

Les échanges du Canada avec l'Union européenne ont aussi diminué, mais les exportations ont ralenti davantage. Voilà pourquoi notre déficit avec cette région s'est accru.

Il a par contre reculé avec les autres pays, en raison surtout d'une baisse de nos importations de brut, consommé dans l'est du pays.

Faible demande intérieure

Paradoxalement, lorsque les échanges commerciaux sont exprimés en volume plutôt qu'en valeur, on constate que les importations ont diminué davantage que les exportations. Cette faiblesse de la demande intérieure signifie que le commerce international apporte néanmoins une mince contribution au calcul de la croissance réelle de l'économie. «On peut difficilement qualifier cette contribution de robuste», ironise Sandy Batten, économiste chez JP Morgan à New York.

Il y a pire. Le repli des prix des produits de base détériore les termes de l'échange, c'est-à-dire la différence entre la variation des prix de ce que nous exportons et celle des prix de ce que nous importons. «Cela a pour effet d'annuler l'effet de richesse qui avait stimulé l'économie canadienne», constate Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale. C'est donc dans le recul de la demande intérieure qu'on mesurera l'ampleur de la contraction de l'économie canadienne.

Du côté américain, la même toile de fond entraîne une réalité tout autre. La chute du prix du brut a fortement diminué la valeur des importations, ce qui aura entraîné une remarquable amélioration du déficit commercial. D'octobre à novembre, il est passé de 56,7 à 40,4 milliards, soit beaucoup moins que les attentes des experts.

«L'amélioration du solde commercial reflète essentiellement les difficultés économiques américaines et mondiales», souligne Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins.

Exprimés en volume, les échanges commerciaux reflètent une baisse plus grande des exportations que des importations. Le commerce extérieur avait été jusque-là le seul élément qui contribuait à la croissance l'an dernier. Désormais, il joint la cohorte d'éléments qui enfoncent les États-Unis dans la récession.