Profondément irrité par le manque de leadership à la Caisse de dépôt, le gouvernement Charest ne renouvellera pas le mandat du président du conseil d'administration, Pierre Brunet.

Profondément irrité par le manque de leadership à la Caisse de dépôt, le gouvernement Charest ne renouvellera pas le mandat du président du conseil d'administration, Pierre Brunet.

D'autres candidats sont pressentis, notamment l'ancien ministre fédéral Michael Fortier, qui a fait carrière dans les milieux financiers avant de faire le saut en politique.

Selon les informations recueillies par La Presse au cours des derniers jours, Québec a l'intention de bouger rapidement et de trancher quant au renouvellement des membres du conseil d'administration. Rien ne pouvait bouger cette semaine toutefois - le Conseil des ministres n'a même pas tenu sa réunion hebdomadaire, le premier ministre Jean Charest est en vacances dans le Sud.

Le mandat de trois ans de Pierre Brunet est échu depuis avril 2008. Il aura 70 ans, en mars.

Vedette des milieux financiers montréalais, longtemps patron chez Lévesque Beaubien, Pierre Brunet, le président du conseil, est devenu le bouc émissaire pour la liste des bourdes de la Caisse au cours des dernières semaines. En pleine campagne électorale, au moment où on apprenait le départ temporaire alors du président des opérations, Richard Guay, la Caisse avait renchéri en annonçant l'abolition d'une dizaine de postes stratégiques, une nouvelle qui ne pouvait pas plus mal tomber pour les libéraux.

Dans un point de presse mal préparé, M. Brunet, rentré précipitamment de Floride, avait reconnu qu'il parlait plusieurs fois par jour à la ministre Monique Jérôme-Forget, alors que le chef libéral Jean Charest martelait que le gouvernement n'avait rien à voir dans la gestion du bas de laine des Québécois.

Plus récemment, pour la première fois, la ministre Jérôme-Forget a dit publiquement ce qu'elle soutenait depuis longtemps en privé. Selon elle, ceux qui, comme les gestionnaires de la Caisse de dépôt, ont acheté des papiers commerciaux adossés à des actifs ne savaient pas ce qu'ils faisaient.

Pierre Brunet était aussi à la barre du comité sélect d'administration qui avait ultimement porté son choix sur Richard Guay en septembre dernier, une décision qui s'est révélée désastreuse.

Il faut dire que M. Guay était clairement le candidat favori du président sortant, Henri Paul Rousseau avec qui il avait travaillé comme responsable de 14 des 18 portefeuilles de la Caisse.

Michael Fortier a longtemps travaillé au secteur investissement de la Toronto-Dominion avant de se lancer en politique pour les conservateurs de Stephen Harper. Durant la dernière campagne fédérale, c'est le seul candidat conservateur qu'avait appuyé officiellement le gouvernement Charest. Inversement, durant la campagne provinciale de 2007, quand tout allait mal pour Jean Charest, M. Fortier avait été l'un des rares à Ottawa à avoir appuyé publiquement Jean Charest.

M. Fortier, après sa défaite l'automne dernier, a joint le bureau d'avocat Ogilvy Renault comme associé. Le poste de président du conseil de la Caisse est une fonction à temps partiel - le conseil se réunit une fois par mois.

Présidence des opérations

Pour plusieurs, le président du conseil devrait être nommé avant que la Caisse ne dépose son bilan de 2008, à la fin février. Tout le monde s'attend à un résultat catastrophique: les actifs de 150 milliards encaisseraient un recul de 25 ou même de 27% selon ce qui circule chez les principaux déposants du secteur public.

Une fois choisi le président du conseil, le renouvellement du patron des opérations restera à faire. La ministre Monique Jérôme-Forget poussait pour une femme, Christiane Bergevin, déjà membre du conseil, mais cette proposition fera long feu, prédisent des sources fiables.

Jean Houde, le sous-ministre aux Finances, reste sur les rangs. Jean-Guy Desjardins, considéré très sérieusement avant que le gouvernement choisisse Richard Guay, a clairement fait savoir qu'il n'était plus intéressé.