Les chefs d'entreprise du Canada sont beaucoup plus pessimistes quant aux perspectives pour leur société au cours de l'année qui débute, et ils estiment que l'obtention de crédit est devenue un problème significatif pour eux, a affirmé lundi la Banque du Canada.

Les chefs d'entreprise du Canada sont beaucoup plus pessimistes quant aux perspectives pour leur société au cours de l'année qui débute, et ils estiment que l'obtention de crédit est devenue un problème significatif pour eux, a affirmé lundi la Banque du Canada.

L'enquête trimestrielle sur les perspectives des entreprises menée par la banque centrale révèle que le moral au sein des communautés d'affaires canadiennes a atteint un creux - les chefs n'ont pas été aussi pessimistes en plus d'une décennie - par rapport à la crise financière mondiale et au ralentissement économique.

Les compagnies s'attendent à voir leurs ventes ralentir et les prix de leurs produits grimper plus lentement, tandis que leurs effectifs devraient être réduits cette année.

Les entreprises signalent aussi que les conditions de crédit se sont resserrées significativement au cours des trois derniers mois.

Compte tenu des sombres perspectives économiques, les résultats de l'enquête effectuée auprès d'une centaine d'entreprises à travers le Canada ne sont pas étonnants. L'importance du pessimisme a cependant de quoi surprendre.

«La direction n'est certainement pas une surprise, mais la soudaineté avec laquelle certains des indicateurs sont passés de positifs à négatifs, et la façon dont certains ont sombré davantage dans le rouge est pas mal révélateur», a affirmé l'économiste en chef adjoint de la Banque de Montréal, Douglas Porter.

Paul Ferley, de la Banque Royale, a de son côté indiqué que l'intensification du resserrement du crédit exercerait une pression accrue sur la Banque du Canada afin qu'elle continue d'abaisser ses taux d'intérêt, en plus d'adopter d'autres mesures pour injecter de l'argent et davantage de crédit dans le système financier canadien.

M. Ferley a dit s'attendre à ce que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, réduise les taux d'intérêt de la moitié d'un point de pourcentage, mardi prochain.

Les dirigeants de société ont été questionnés entre le 14 novembre et le 12 décembre, après l'écroulement des marchés de la fin septembre et l'annonce que les États-Unis et le Canada étaient en récession.

«Les indicateurs affichent presque tous leur plus bas niveau depuis la tenue de la première enquête, en 1997», a affirmé la Banque du Canada.

Pas moins de 57 pour cent des entreprises s'attendent à voir le volume de leurs ventes augmenter à un taux inférieur à celui des 12 derniers mois, contre 23 pour cent des sociétés qui sont optimistes à cet égard - le pire solde des opinions à ce sujet depuis 1997.

Le solde des opinions par rapport aux intentions d'embauche a aussi été négatif pour la première fois de l'histoire de l'enquête. Les intentions d'embauche sont plus faibles dans le secteur des biens que dans celui des services.

Près des deux tiers des firmes interrogées ont rapporté un durcissement des conditions de crédit, la majorité imputant le plus grand changement à ce chapitre à la hausse des coûts de l'emprunt.

Dans une enquête distincte menée auprès des responsables du crédit, la banque fait état de la poursuite du resserrement généralisé des conditions du crédit, principalement en raison des faibles perspectives économiques.

«Le solde des opinions indiquant un resserrement atteint le niveau le plus élevé jamais enregistré depuis 1999», note la banque centrale dans les résultats de l'enquête sur les responsables du crédit.

«Le resserrement a été signalé tant pour les modalités tarifaires que non tarifaires des prêts aux entreprises», a-t-elle ajouté, laissant entendre que les entreprises faisaient face à deux problèmes simultanés, soit celui de débourser davantage pour leurs prêts, en plus de celui d'avoir davantage de difficulté à obtenir les prêts dont elles ont besoin pour subvenir à leurs besoins.