Un proche vous demande un prêt parce qu'il ne réussit pas à l'obtenir d'un prêteur conventionnel? «On le déconseille fortement,», lance Isabelle Thibeault, conseillère budgétaire à l'ACEF du sud-ouest de Montréal. Pourquoi lui accorderiez-vous la confiance que lui refuse une banque, laquelle a les reins autrement plus solides que les vôtres?

Un proche vous demande un prêt parce qu'il ne réussit pas à l'obtenir d'un prêteur conventionnel? «On le déconseille fortement,», lance Isabelle Thibeault, conseillère budgétaire à l'ACEF du sud-ouest de Montréal. Pourquoi lui accorderiez-vous la confiance que lui refuse une banque, laquelle a les reins autrement plus solides que les vôtres?

La même prudence s'applique aux cautionnements.

«Les banques devraient être très claires à ce sujet: on demande une caution parce qu'on pense que l'emprunteur ne sera pas capable de payer», soutient le syndic de faillite Josée Pomerleau.

Mais ce ne sont pas que les finances du prêteur qui risquent d'en subir les contrecoups. «Malgré les liens familiaux, un prêt non remboursé peut créer des tensions dans une relation et occasionner du stress», prévient le planificateur Bruno Therrien, du Groupe Investors.

Si, dans sa pratique, Josée Pomerleau observe rarement des bris de relation complets, «il y aura des frictions et il est certain que la confiance ne sera plus jamais le même», souligne-t-elle. Quand elle a été témoin de fractures irréductibles, c'est généralement dans le cas où l'emprunteur avait usé de manipulations - souvent des enfants envers leurs parents.

Quelles précautions prendre?

Il faut d'abord tenir une franche discussion sur les motifs de l'emprunt et les modalités du prêt.

«Compte tenu que le prêteur privé n'est pas une institution financière, les motifs de l'emprunt doivent respecter ses valeurs», avancent la planificatrice Lison Chèvrefils et la notaire Denise Archambault. Mais une fois la transaction conclue, ajoutent-elles, le prêteur ne doit pas s'ingérer dans l'utilisation des fonds.

Pour une somme importante, vous êtes en droit de poser quelques questions délicates, soutient Josée Pomerleau: l'emprunteur a-t-il fait appel à une institution financière? Pourquoi le prêt a-t-il été refusé? Quelle est sa situation financière? Quelle est sa cote de crédit?

Comment fixer l'intérêt et l'échéance?

Lison Chèvrefils et Denise Archambault suggèrent habituellement un taux à mi-chemin entre celui que toucherait le prêteur pour un placement sécuritaire et le taux d'intérêt qui serait exigé par le créancier habituel de l'emprunteur. Entre parents et enfants, le taux est souvent symbolique, ajoutent-elles.

La durée du prêt devrait être relativement courte, quitte à la renouveler périodiquement. On évite ainsi les abus et on responsabilise le débiteur.

«Il ne faut pas fermer les yeux sur un manquement à une échéance pour ne pas créer de précédent, poursuivent-elles. C'est une relation d'affaires.» Pour un prêt important, il est préférable de demander des garanties à l'emprunteur - un lien sur un actif, par exemple.

Comment dire non?

«N, O, N!» épellent Denise Archambault et Lison Chèvrefils. Mais elles reconnaissent du même souffle qu'il est délicat de refuser une demande de prêt... qui la plupart du temps se révèle un appel à l'aide.

«Le prêteur n'a pas à se justifier, c'est sa prérogative de refuser ou d'accepter, expriment-elles. Si un refus cause un problème, c'est un bon indice donné au prêteur qu'il a bien fait de s'abstenir.»