L'offensive québécoise de Shoppers Drug Mart, qui exploite la bannière Pharmaprix, heurte davantage les petites pharmacies que celles du Groupe Jean Coutu, a soutenu jeudi le président et chef de la direction de l'entreprise, François Jean Coutu.

L'offensive québécoise de Shoppers Drug Mart, qui exploite la bannière Pharmaprix, heurte davantage les petites pharmacies que celles du Groupe Jean Coutu, a soutenu jeudi le président et chef de la direction de l'entreprise, François Jean Coutu.

«On ne leur laissera pas la place pour grandir», a lancé M. Coutu à l'issue d'une allocution prononcée à la tribune du Cercle finance et placement du Québec.

«C'est sûr qu'ils ont beaucoup d'argent, ils investissement beaucoup dans notre marché à nous, vous voyez les nouvelles pharmacies, a-t-il convenu. Remarquez, ça fait plusieurs années qu'ils sont ici. Moi ce que je dis, c'est qu'il y a de la place pour des grandes surfaces et je pense que leur présence va venir certainement contrer la croissance des petites surfaces en particulier.»

Shoppers exploite actuellement quelque 150 pharmacies au Québec, alors qu'il n'en comptait que 102 à la fin 2006. Cette expansion spectaculaire a fortement contribué à la croissance récente de l'entreprise torontoise.

«Au cours des cinq dernières années, le Groupe Jean Coutu a continué, malgré les investissements de cette compagnie-là, à croître dans son marché», a néanmoins rappelé le dirigeant.

Uniprix et Proxim

François Jean Coutu voit d'ailleurs un lien entre la multiplication des Pharmaprix et la décision des regroupements de pharmacies indépendantes Proxim et Uniprix d'accepter des offres d'achat provenant du distributeur américain McKesson. La transaction visant Uniprix doit encore être approuvée par les pharmaciens.

«Ce n'est pas pour rien qu'ils (Uniprix et Proxim) doivent se protéger en s'associant avec un grand grossiste comme McKesson quand ils voient le vent souffler très, très fort derrière eux», a affirmé le PDG.

Du même souffle, M. Coutu a révélé que son entreprise n'avait pas sérieusement envisagé de se porter acquéreur d'Uniprix, puisque le modèle d'affaires des deux entreprises est trop différent, d'après lui. Uniprix regroupe des pharmacies indépendantes alors que Jean Coutu fonctionne par franchises.

«Je ne voudrais pas, par un geste comme ça, qui serait peut-être un geste commercial à court terme, (...) contaminer ce qu'on a créé depuis 40 ans et qui a fait notre grand succès dans ce marché-ci, a-t-il déclaré. C'est un gros pensez-y bien avant de se lancer dans des choses comme ça.»

Les acquisitions de McKesson, «ça ne représente pas un nouveau joueur dans le marché, parce qu'Uniprix et Proxim restent comme tels, donc ça n'empêche pas notre croissance et notre désir de croître dans le marché qu'on connaît bien», a relevé le PDG.

Au sujet de la participation de 30 pour cent dans la chaîne de pharmacies américaines Rite Aid, François Jean Coutu a confirmé que son entreprise allait fort probablement devoir inscrire une nouvelle radiation «importante» lors de la publication des résultats du prochain trimestre.

Au troisième trimestre, Jean Coutu a essuyé une radiation de 431,7 millions $, mais celle-ci ne tenait pas compte de la totalité de la chute de l'action de Rite Aid, qui ne valait plus que 30 cents US jeudi, alors qu'elle s'échangeait à plus de 2 $ US il y a un an.

«C'est sûr que Rite Aid navigue dans des eaux troubles, a admis M. Coutu. On espère bien que les banques vont recommencer, dans les prochains mois, à donner du crédit, si ce n'est pas bon marché, au moins de façon raisonnable. Rite Aid va passer au travers de cette période-là.»

L'action de Jean Coutu a clôturé jeudi à 7,99 $, en baisse de 1,2 pour cent, tandis que celle de Shoppers Drug Mart a terminé la séance à 44,07 $, en hausse de 0,2 pour cent, à la Bourse de Toronto.