Le taux directeur ne frôle pas le zéro comme aux États-Unis mais il s'en approche mardi alors que la Banque du Canada l'abaisse d'un demi-point à un record de 1%.

Le taux directeur ne frôle pas le zéro comme aux États-Unis mais il s'en approche mardi alors que la Banque du Canada l'abaisse d'un demi-point à un record de 1%.

Conformément aux prévisions des analystes consultés par l'agence Bloomberg, la banque centrale desserre encore l'étau afin de permettre à l'économie de revenir sur les rails.

C'est le taux le plus bas de l'histoire de la Banque du Canada. Le précédent record était de 1,12% en 1958.

Il s'agit aussi de la cinquième baisse de 0,5% ou plus du taux directeur depuis mars 2008 et le taux est rendu loin des 4,5% observés à l'été 2007.

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C'est bon pour mon hypothèque

Le communiqué matinal ne laisse aucun doute sur les craintes de l'équipe dirigée par le gouverneur Mark Carney.

«Les perspectives de l'économie mondiale, dit la Banque du Canada, se sont détériorées depuis l'annonce de la Banque concernant le taux directeur en décembre, la crise financière grandissante s'étant propagée à l'activité économique réelle.»

«L'incertitude accrue mine la confiance des entreprises et des ménages à l'échelle du globe et fait reculer davantage la demande intérieure, indique le document. Les grandes économies avancées, dont le Canada, sont maintenant en récession et les pays à marché émergent sont de plus en plus touchés. Les cours de l'énergie se sont repliés en raison de l'affaiblissement très prononcé de la demande mondiale.»

L'institution note que les exportations canadiennes chutent et que la demande intérieure se replie en raison de la baisse des revenus, de la richesse des ménages et de la confiance.

La baisse des taux n'est peut-être pas finie, laisse entendre le communiqué avec le choix habituel de mots discrets. «La Banque continuera de suivre de près la situation économique et financière afin de déterminer dans quelle mesure une nouvelle détente monétaire sera nécessaire pour atteindre la cible d'inflation de 2% à moyen terme.»

Des mois difficiles à venir

Dans ses prévisions, la Banque du Canada table sur une contraction de l'économie jusqu'à la mi-2009. Cela grugerait 1,2% du taux d'accroissement annuel du produit intérieur brut.

Un plein redressement aurait lieu en 2010 alors que l'économie croîtrait de 3,8% grâce aux efforts anti-récession et à la baisse récente du dollar canadien.

Il reste que les autres indicateurs macroéconomiques récents n'ont rien de rassurant pour une banque centrale qui a admis seulement en décembre qu'elle combattait une récession.

Après une quasi-stagnation lors des six premiers mois de 2008, le PIB du Canada a crû de 0,3% au troisième trimestre mais s'est replié de 0,1% en octobre.

Ces nouvelles mitigées ont été assombries le 9 janvier. Statistique Canada annonçait qu'environ 34 000 emplois ont été abolis en décembre en raison du recul du travail à temps plein.

Le même jour, on apprenait que la valeur des permis de bâtir a fondu de 11,8% en novembre. En même temps, la Société canadienne d'hypothèque et de logement (SCHL) nous disait que les mises en chantier ont légèrement reculé à 177 300 lors du dernier mois de l'année.

Au moins, la menace de la déflation semble écartée pour l'instant car les prix à la consommation progressaient de 2% à un rythme annuel en novembre.

D'ailleurs, la Banque du Canada estime que l'inflation de base sera à son creux à 1,1% au quatrième trimestre. Elle était à 2,4% en novembre dernier.

Les banques ont déjà commencé à abaisser leurs taux préférentiels d'un demi-point ce matin. En décembre, elles avaient gardé pour elles 25 des 75 points de base de la diminution accordée.

En attendant, la Banque du Canada se réjouit des efforts gouvernementaux pour stabiliser le système financier. «Des signes indiquent que ces mesures exceptionnelles commencent à porter leurs fruits, même s'il faudra du temps avant que les conditions financières redeviennent normales. En outre, d'importantes mesures de relance monétaire et budgétaire sont mises en place partout dans le monde.»